posté le 14-07-2010 à 21:43:44
L'autre est à mont (2) Rivoli.
L'AUTRE EST À MONT (2).
Il aimait la rue de Rivoli et son ballet nocturne où des silhouettes entr'aperçues se glissent entre les lourdes arcades avec des allures de poissons qui flottent dans les eaux troubles d'une nuit océane. Le jardin des Tuileries, lourdes algues immobiles, s'est calé dans sa masse sombre, encore qu'on la devine bruissante de souffles et de furtifs déplacements.
Il ne s'y risque guère, craignant l'assaut des bêtes qui somnolent dans les bosquets. Il le sait, en plein jour, figées dans le bronze verdâtre, offrant leur dos rond aux enfants qui s'y vautrent comme sur quelque fabuleuse montagne miniature. Les lions et rhinocéros qui veillent aux entrées du jardin, discrètement, la nuit se lèvent, quittent leur socle de pilier pour s'étirer silencieusement et se mêlent aux promeneurs égarés qui font parfois les frais de leur curiosité et de leur imprudence.`
Trouvez-vous, une nuit, face à la rue de Castiglione, à travers les grilles vous devriez voir, sur la terrasse, à cette heure déserte, la conséquence de ce phénomène. Le hasard, la chance, votre ténacité, vous feront témoin de leur absence. Soyez sûr alors qu'ils gambadent sur le sol tendre du jardin, y laissant la marque de leurs lourdes pattes. On en a vu aller jusqu'à la Seine, se faufilant parmi les rares voitures qui empruntent à cette heure tardive, la voie sur berge.
Animaux de bronze, ils bornent comme pour une parade pittoresque les longues marches usées, où Louis XVI, fuyant son palais en furie, et venant chercher un abri au Manège, butât là, tant de fatigue qu'envahi par une rêverie étrange qui l'assaillait. Il voyait déjà comme en une vision divinatoire, sa tête brandie par une main vigoureuse et peu soucieuse d'étiquette, protégée dans son forfait par la tornade des tambours battus avec énergie par une double rangée de cavaliers qui tentaient de maintenir leurs chevaux anormalement énervés. Au loin, indistincte, confuse mais mouvante, une foule hilare, stupéfaite, assistait là à un spectacle inouï. Le massacre de ses idoles. ( à suivre )
Commentaires
C ' est tout apaisant dans la nuit de Tréboul, aussi, cette jolie gravure, je crois encore entendre les clochettes du carosse (quelle femme en pantoufle de vair doit-elle rentrer de son amant, il est passé minuit, son mari la surprendra..."L ' éternité mugit, ainsi qu'une mer lointaine et s'approche à grands pas..L'appartement a disparu" : -sera-t-elle punie pour autant ?...
NUIT NOIRE AU CIEL TREBOULISTE , et je reviens d'aller voir rugir les vagues écumeuses qui arrachent des éclats de roche, ah c'est terrible, la mer, parfois, terrible jouissance des profondeurs pélagiques qui , remontée en surface, réveille la nuit l'univers et les hommes, tenez, le vent vient de même de rugir...