Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 28-07-2010 à 22:20:31
Léautaud le lit.
En marge de son Journal (littéraire) Léautaud en rédigeait un plus confidentiel, consacré à ses tumultueuses aventures avec Anne Cayssac la "panthère", qui devient "Le Fléau" lorsque ces pages sulfureuses sont publiées après avoir été collationnées par la pieuse Marie Dormoy qui devait succéder dans le lit encore chaud que le Fléau abandonnait. Histoires d'alcôves mais qui n'ont pas le charme léger, l'impertinence distinguée des grand libertins du XVIII°siècle volontiers portés à fanfaronner sur leurs conquêtes amoureuses.
Avec Léautaud on change radicalement de ton. Il est pesant, geignard, volontiers, grivois et au final un peu répugnant.
L'égocentrisme de Léautaud qui est un peu son "fond de commerce" et donne au Journal cette valeur particulière d'une introspection qui oscille entre la naïveté et l'impudeur, devient dans le cas des confidences érotiques qu'il se plaît à dessiner d'un trait de totale indécence, soit une provocation soit une complaisance vis à vis de ses atteintes à tout romantisme comme si l'amour n'était (il le dira quelque part) qu'un simple rapprochement des corps et une sorte de mécanique sexuelle qui n'a même pas l'attrait que peuvent lui donner ceux qui d'ordinaire se penchent sur le sujet. C'est à la littérature érotique ce que le cinéma pornographique est au cinéma qui aborde le sujet avec délicatesse.
(Anne Cayssac, à l'en croire, était séduisante (que de fois il note qu'elle est belle) mais avec une mentalité de petite bourgeoise avide, mesquine, tracassière, en somme une mégère. Léautaud ne peut échapper au plaisir qu'elle lui procure (bien partagé) et les soucis constants dont elle l'accable).