Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 28-07-2010 à 22:34:41
Thomas de Quincey le mangeur d'opium.
Tenant du Journal et de l'aveu, les "Confessions d'un mangeur d'opium" se parent de cet aspect savoureux d'une écriture que l'on dira typiquement anglaise (dans le voisinage de Laurence Sterne) avec ce mélange d'intimisme, de réserve et ces pointes d'humour délicieuses qui situent le texte dans un espace de familiarité avec cependant une distance qui est celle de l'élégance.
L'auteur passe d'un sentimentalisme que l'époque cultive (en France, Bernardin de saint Pierre et Jean Jacques Rousseau) à une précision d'analyse qui annonce la littérature d'introspection. Comme un médicament (il l'est aussi), l'opium se mesure. On est à la table du malade qui agence sa potion selon des normes précises (la pesée, le comptage des gouttes), on est devant l'alchimiste qui prépare le breuvage miraculeux (et maléfique) qui va le transporter dans ce territoire de magie et de magnificence, extraire la pensée de la pesanteur du corps, offrant, du même coup, une authentique méthode de maintien de son instrument de drogué.
Manuel d'utilisation de cette arme qui le contraint autant qu'elle l'enchante. Et, dans un sursaut de lucidité, lui ouvre la perspective du prix à payer pour s'en sortir.
Lucide devant l'usage de la drogue, Henri Michaux en fera aussi l'expérience, pour en dénoncer le caractère décevant.