Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 05-08-2010 à 11:11:36
Maurice Sachs courtier d'art.
En publiant en 1948 "Chronique joyeuse et scandaleuse" les éditions Corréa précisent que le manuscrit leur avait été donné par Sachs en 1942, "voulant indemniser de quelques services rendus".
Et Sachs de préciser (non sans forfanterie, et un rien de naïveté) : "Un jour je serai célèbre et il vaudra de l'argent..."
De fait, il s'y montre égal à lui-même, fanfaron, impudique, naïf dans la précision apportée à ses démarches, qui ici le conduisent dans le milieu très fermé du marché de l'art. A travers ses marchands.
Deux quartiers sont sillonnés par l'apprenti courtier : la rive droite autour de Saint Augustin et la rue de Seine.
Ici et là ce sont des portraits impitoyables de ceux qui manipulent l'opinion et la cote des artistes. Dans un luxe parfois ostentatoire du côté de Saint Augustin (qui est aussi le quartier de Proust) et plus pittoresque dans les pourtours de Saint Germain des Près avec ses personnages haut en couleur.
Roman à clef où l'auteur poursuit sa volonté d'offrir une sorte de chronique mi mondaine, mi sociologique qui se pare des joyaux de son cynisme naturel. N'est bon témoin que celui qui ne s'en laisse pas compter. Il avait la plume plus près de la cervelle que du coeur, et un tendance à fustiger la bêtise, les faiblesses dont il se savait pourtant affligé.
Ses déboires sentimentaux, ses choix politiques, ses options toujours désastreuses ne sont que le résultat d'un tempérament d'oisif et de lâche. Il en fait une sorte de culture talentueuse et presque masochiste.