posté le 12-08-2010 à 15:55:35
André Breton dans ses cahiers.
Doit-on y voir une nostalgie de l'enfance, un cordon non encore coupé avec des souvenirs de classe, quelque chose qui relèverait de la nostalgie ?
Comme beaucoup d'écrivains qui aiment l'intimité d'un cahier d'écolier pour contenir les mots qu'ils utilisent, Breton en fait usage pour des textes qu'il consigne à des fins de publication. C'est "Poisson soluble" qui paraît en même temps que le Manifeste du surréalisme, celui-ci devant être, à l'origine, la simple préface d'un texte qui illustre la pratique de l'écriture automatique que Breton avait explorée aussi avec Philippe Soupault en 1919 avec "Les champs magnétiques".
L'ouvrage ne paraître qu'en 1924, mais c'est en 1921-22 qu'il le rédige, en partie à Moret sur Loing (dans l'ombre de Sisley qui y avait vécu) et dans l'atelier où il vient d'aménager, 42 rue Fontaine, au dessus du cabaret "du ciel" et "de l'enfer".
Il s'agit de 7 cahiers, le premier sans illustration mais portant une dédicace à Simone (Kahn) qui sera, bien après, la Simone Collinet dont la galerie fut, dans les années 50, un haut lieu de la mémoire du surréalisme.
La couverture du deuxième cahier est illustrée par une image représentant Geoffroy Plantagenêt en armure, le troisième un château fort sur un pic perché avec en premier plan un personnage portant une hallebarde. C'est Lamartine qui a les honneurs du quatrième, et "la nuit du 4 août" le cinquième. Le sixième est orné d'une tête de femme sur fond de paysage et le septième, comme le premier, est dénué d'image mais une inscription situe peut-être le lieu de son achat : librairie papeterie A. Graillot, Romorantin.
Preuve, s'il en est, donnant tout son prix au choix de de ce support . Chacun a son histoire. Et si le texte qu'il contient la prenait en charge, elle deviendrait le sujet contenu dans son objet.
Commentaires
Au "cahier", la punition, la rédaction, la composition française, ou la dictée, mais aussi les poèmes au "cahier" de mon enfance, oui, cet article me plaît.
De sorte que c'est un Paradis non moins artificiel que de s'en souvenir !