posté le 20-08-2010 à 11:30:30
Arthur Cravan critique d'art dada.
Chacun y allait de son stylo. Apollinaire avait donné l'exemple. Sont multiples les tentatives exercées par les poètes de ces années fastes (et bientôt folles) pour pénétrer le secret de la création artistique, se mêler au monde des peintres qui flirtaient volontiers avec l'écrit jusqu'à parfois y tâter non sans verdeur et vérité.
Arthur Cravan, éditant sa petite (!) revue "Maintenant", qu'il vendait (est-ce une légende, c'est Bernard Delvaille, grand connaisseur du personnage, qui me l'avait affirmé) sur une charrette de "quatre saisons" sur le bord du trottoir, dans le voisinage pittoresque des primeurs et autres aboyeurs de la rue.
Aux poèmes (d'un si beau rythme et qui font penser à Blaise Cendrars) il ajoute des notes sur l'art et même des articles plus conséquents relatant ses visites dans les expositions comme le "fameux" article sur les Indépendants.
C'est là qu'il se distingue en portant sur les oeuvres de Marie Laurencin (tout en précisant qu'il n'a pas vu son "envoi") des propos franchement injurieux. Qu'on apprécie : "en voilà une qui aurait besoin qu'on lui relève sa jupe et qu'on lui mette une grosse... quelque part pour lui apprendre que l'art n'est pas une petite pose devant le miroir. Oh, chochotte, ta gueule.."
Préambule pourtant à une définition qui ne manque pas de verdeur : "La peinture c'est marcher, courir, boire, manger, dormir, faire ses besoins..." N'aurait-il pas (au début du XX°siècle) prévu ce que serait l'art au XXI° siècle : une substitution de l'artiste à son oeuvre, et jusque dans l'intimité de sa vie intime.
Il procède volontiers par l'apostrophe, l'injure. En sont victimes Maurice Denis ou Charles Guerin et même Chagall ((ou Chacal dixit l'auteur) et beaucoup d'autres qui constituent le meilleur de l'Ecole de Paris.,
Robert Delaunay n'est guère ménagé qui a "une gueule de porc enflammé ou de cocher de grande maison". Le ton est donné, dans la provocation souvent vulgaire, le goût de la mystification, de constantes allusions au domaine privé, des invites de jeune voyou. C'était le mauvais côté de "dada".
Cravan rien qu'un fada ?
Commentaires
Lire : bataillé (me suis réveillé à quatre heures, ce jour... Je ferai une sieste, au risque de devenir "fada", que trop, que trop... Une petite sieste solitaire... Dans la bruine du jour plus gris que Juan d'acier !
S'il est "fada", c'est un fin "dada" !
Fat dada ?.. Ou simple fat d'aise ?
Fada, sans doute, dès qu'on touche à l'art, on l'est, plus ou moins pour ceux qui ne le "pratiquent" jamais ! Ceux qui ont plein pieds dans le réel vous trouveront (me trouvent) déjà ...trop rêveur !...Nous aurions sûrement batailler sur Chagall, que j'apprécie...
A Votre bon Vendredi - Sans Pareil (galerie d'alors), et, en Chapeau de paille...