posté le 23-08-2010 à 21:26:21
Le Graal est dans la bibliothèque
La Bibliothèque Mazarine tient entre deux dates (comme le propose une plaque tombale) et si sa vie commence avec l'une, elle ne se termine pas avec l'autre qui marque le changement radical d'ambitions qui aura présidé à sa création.
1642 Gabriel Naudé, médecin né à Paris, est appelé par Richeleu pour constituer une bibliothèque. En moins de dix ans il aura rassemblé quarante mille volumes et c'est Mazarin qui reprend l'idée de son maître et procède à la création de la bibliothèque qui honore sa mémoire. Au début du XX° siècle un "dilettante" amateur de culture et de bonnes manières, qui n'a pas encore son oeuvre (La Recherche du temps perdu) est nommé, par privilège, conservateur du lieu, alors qu'il n'en n'a ni la compétence ni la passion. Pourtant il y a quelque chose de merveilleusement nourri de symboles dans cette aventure. Qui voit l'énergie d'un homme de savoir impulsant la réunion de volumes que l'auteur à venir n'aura pas goût excessif à "conserver", mais déjà, en puissance, apte à venir y déposer son oeuvre fleuron de la littérature de son temps.
Quel rôle peut jouer une bibliothèque dans la constitution d'une oeuvre en gestation. Des nombreux et studieux lecteurs penchés sur leur pupitre, déchiffrant parfois des ouvrages qui n'auraient pas été consultés depuis de nombreuses années, combien sont appelés à devenir à leur tour, des créateurs quand on sait, que la plupart seront des commentateurs, des analystes, des consommateurs éclairés de la chose écrite et du savoir.
La création procède-t- elle plus de la chose vécue (du matériel humain) que du savoir ? C'est selon les tempéraments. Bien des oeuvres ne sont (?) que le prolongement, l'écho d'une oeuvre du passé (Joyce, Borgès) et sont parfois, de celles qui contribuent le plus radicalement à l'essor de la littérature, à son enrichissement.
La littérature se fait dans la vie, (amour, guerre, problèmes sociaux) mais aussi du côté de la chose écrite. De livre en livre, qui se copient, se développent, se répondent, des mythes se forment, se développent, se structurent. Le pouvoir des mots règnant sur le livre, la bibliothèque est le réservoir de toute la science humaine, d'une radicale recherche de la vérité.
C'est dans une bibliothèque que veille le Graal ?
Photo gilles kagan
Commentaires
S'il n'est ici, le Graal est dans la citation de Montesquieu :
"Une heure de lecture est un souverain remède contre les dégoûts de la vie..."
(je viens d'en passer ...six, de midi à dix huit, le dernier d' Ormesson....dont le titre est un vers....)
Kenavo du site...au soir ensoleillé, après une journée maussade et morose... Je resterai bien volontiers plusieurs mois dans ce "graal -ci" , enfermé, ne me nourrissant que d'échappatoires livresques..., ahoui, sans problème aucun;...ni femme nue !