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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 27-08-2010 à 14:50:38

Limbour aux côtés de Dubuffet.

Il reviendra toujours au poète de donner la meilleure introduction à l'art de peindre parce qu'il y voit les intentions du peintre, partageant souvent, avec lui, les affres de la création, hantant son atelier, collaborant aussi à l'édition d'ouvrages où il confronte leurs expressions devenues complémentaires.
Jean Dubuffet, grâce à l'amitié fervente de Jean Paulhan, va multiplier les rencontres fécondantes avec les poètes de sa génération, et recevoir de ceux-ci la complicité et l'hommage qui poussent son oeuvre vers ses meilleurs accomplissements. Elle est de celles qui  progressent dans cette complicité, reflètent cette communion.
Tableau bon levain (à vous de cuire la pâte) est dans la droite ligne de cette alliance heureuse. Georges Limbour (un ami de jeunesse qui aura présenté Dubuffet à Paulhan), qui fera quelques pas dans le sillage du surréalisme sans en perdre ce qui fait l'essentiel de sa personnalité et des enjeux littéraire qu'il défend, sera de ceux qui posèrent les mots en marge de la démarche du peintre, et ici plus qu'en tout autre lieu, le titre disant bien qu'il aborde la peinture moins comme une chose à voir qu'à pétrir, à saisir de l'intérieur. C'est que le cas Dubuffet est exemplaire. Loin de s'aventurer dans le jeu alterné de la fougue et de la réflexion qui calibrent l'évolution de l'abstraction, il ambitionne de réformer les normes de la figuration, en puisant dans d'autres viviers que ceux d'une réalité plus ou moins arrangée aux élans du créateur qui y cherche ses sujets.
Il sera l'un de ceux qui militent pour une révision du patrimoine culturel à ses yeux prisonnier des académismes. Il regardera du côté de l'art de fous, des enfants, et les graffitis, toutes matières jusqu'alors négligées. Ce sera la concept rénovateur de l'art brut. On le voit traiter la matière avec une verve, une force, une jubilation émerveillée, ce que Georges Limbour sait résumer rien que dans le tire de l'ouvrage qu'il lui consacre.