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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 28-08-2010 à 11:07:18

Marcel Proust critique d'art.

Par son éducation, son milieu, ses premières fréquentations, Marcel Proust est totalement ignorant des avant-gardes. On entretient autour de lui une notion d'esthétique qui respecte la tradition académique et se complaît  plutôt aux grâces fictives de la peinture "pompier" et des exploits d'une technique aboutie.
Lors de la publication de ses premiers écrits (Les Plaisirs et les jours en 1896), il ne trouve rien de mieux que d'en demander l'illustration à Madeleine Lemaire artiste mondaine, "célèbre pour ses roses". Il se maintient dans son milieu, le climat culturel qui l'a formé et auquel, malgré l'audace de ses novations littéraires, il restera fidèle. D'ailleurs quand on envisage de réunir en un volume ses Ecrits sur l'art, on est conduit à confronter  quelques revues de Salon ( qui n'ont rien de bien originale) et des billets mondains parfois  d'une insupportable complaisance, en sa grisant des noms qu'il considère prestigieux et qui seront ceux des personnages de la Recherche. On en est parfois au niveau d'un compte rendu d'une festivité provinciale où l'on note la présence des notables locaux, du sous-préfet à quelque dame de bonnes oeuvres. Rien qui annonce le futur explorateur des vanités humaines qui se croisent dans la Recherche.
La passion qu'il éprouvera pour Ruskin, entraînant la traduction de ses écrits (ne souhaitait-il pas le rencontrer !), va pourtant lui ouvrir de nouveaux horizons.  Mais c'est surtout l'invention d'un nouveau regard,  traduisant sa propre vision du temps,  sa perception si fine et si profonde de l'instant et de la sensation qui en résultera. Elle lui permet de concevoir un nouveau type de peinture ( mais aussi de musique) dont Elstir est le produit. Conçu de toutes pièces, en pratiquant, selon son habitude, un amalgame de plusieurs modèles. Et, plus important encore, sa perception de l'art (la peinture) dans ses rapports intimes avec d'autres arts, dans la perspective exaltée par Baudelaire, sur le jeu des correspondances. Il en découle une lecture très originale, à l'égale de son regard sur l'écoulement du temps et les sensations croisées qu'entraîne toute vision aussi finement analysée.


 

Commentaires

saintsonge le 28-08-2010 à 11:41:48
Tiens !.......... Je ne constate que ce jour votre mini-portrait (si c'est vous, vous avez une certaine ressemblance, à ce que je peux en capter, avec....l'éditeur Jean.Marc Roberts, dans la chevelure, sans doute, poivre et sel....) Ah, oui, cela m'échappa-t-il, ce portrait ou venez-vous de le placer ?..

Photo prise : Chambre 414, Grand Hôtel, Cabourg ?

En critique d'art, Proust est-il Nietzschéen ? "là où la vie emmure, l'intelligence perce une issue"....Bon week-end, avec retour de l'été, ici, après deux jours pleins de fortes pluies consécutives ! Dieu avait besoin de nettoyer les âmes humaines et les pays bretons.., d'autres alsaciens souffrirent d'un coup de foudre (Dieu aime-t-il sa création, violemment ?)