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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 30-08-2010 à 11:27:55

Wols en gravure, violence et douceur.

Du dessin à la gravure, et parce que l'entaille dans le cuivre dépasse le tracé du crayon, une certaine violence s'attache à ce qui, sur le papier, n'aurait été qu'un souffle de la pensée, une furtive rencontre avec le support.
De l'attaquer, d'y faire son sillon, que l'encre comblera comme l'eau dans le lit d'un ruisseau, donne une vie nouvelle à la notation première qui aurait été une simple esquisse, la promesse d'une aventure de l'esprit qui passé au stade de la gravure devient une aventure de la main (la main à charrue évoquée par Rimbaud).
Ce passage vers le dur travail du graveur est l'ultime stade du dessin, sa matérialité rendue par un effet de reflet (ne pas oublier que la gravure est l'inverse du dessin qui s'y est formé).
Pratiquant avec une certaine obstination la gravure (il illustre des textes de Kafka, Paulhan, Lambrichs, Sartre, de Solier), Wols donne à sa  vélocité graphique un ton d'agressivité (de fureur) qui se conjugue étroitement (singulièrement) avec une certaine douceur de la proposition première.
Rejoignant là la vigueur et les effets d'éclaboussure de sa peinture, quand son dessin est tout de légèreté, un envol d'oiseau, le passage furtif de l'insecte sur le miroir de l'eau. Un simple frisson.
Le trait est devenu celui de la blessure (ne dit-on pas entailler le cuivre), le stylet est à la fois le bistouri qui charcute la chair et le socle (de la charrue) qui retourne la terre.
Il retourne l'image échappée de son imaginaire, mais en lui donnant un accent plus brutal.
Une équivoque cependant. Particulière chez Wols qui contredit les conséquences de la technique qu'il utilise, la violence inhérente au procédé de la gravure, à laquelle il  confère au développement graphique une mystérieuse suavité, quelque chose de soyeux, une impression de ouaté non sans y laisser traîner quelque chose de morbide. Une douceur maladive et visionnaire. Et à son habitude l'image qui est résulte procède tout à la fois des spasmes organique qu'un oeil à la force d'un microscope aurait détaillé, et d'une vision cosmique qui s'invente des systèmes solaires inconnus, des trajets d'étoiles, la rumeur lancinante des infinis.