posté le 04-09-2010 à 17:18:06
Renée Dunan au Second rayon.
Il entrait dans l'attrait que pouvaient exercer sur l'esprit mal dégrossi d'un adolescent, dans les années 50, les revues médicales à vocation culturelle (qui étaient abondantes) qu'elles faisaient de nombreuses incursions dans les marges, les zones d'ombre, vantaient des publications "à ne pas mettre entre toues les mains", le milieu médical ayant la réputation de n'être point trop bégueule. On pouvait piocher des informations nulle par ailleurs dispensées. Et tracer, d'un doigt léger et de mémoire active, une géographie d'un Paris de la débauche et de la luxure qui avait déjà toutes les couleurs attrayantes que lui donnait la littérature. Celle que l'on trouvait localisée dans des arrières boutiques un peu sombres du IX° arrondissement, et en marge des Grands Boulevards en une artère qui semblait avait été créée pour célébrer Jules Laforgue, la rue de la Lune.
Elle était bordée d'établissements qui n'étalaient pas leur marchandise sur la voirie (comme ses voisins du Sentier) mais dispensaient des plaisirs secrets à des amateurs connaisseurs et constituant une sorte de clan avec ses codes, ses repères, ses anthologies de l'érotisme sulfureux où venaient se joindre, par un effet de fascination réciproque, les amateurs d'hermétisme, ceux d'occultisme, et toute une faune où la culture avait la couleur de l'insolite, de l'effronterie.
Renée Dunan était à son aise dans la profusion de ces publications éditées à "la va-vite" et sans grand soin ( encore qu'elles entrent maintenant dans le secteur de la bibliophilie en passant par la quasi clandestinité qui leur fut affligée.
La rue de la Lune est aujourd'hui silencieuse, souvent bouleversée par des travaux urbains qui rendent la circulation automobile nerveuse et les piétons exposés à de grands dangers. L'église Notre Dame de Bonne Nouvelle est largement ouverte pour les repentis. L'ombre y est plaisante et le silence surprenant dans ce tohu-bohu des Grands boulevards tout proches.
Commentaires
AH OUI, vous avez peut-être confondu, c'est de R. Dunan que je n'avais rien lu.
Bien évidemment, je ne vous le citais pas par hasard (quoi qu'un coup de dés....en votre blog, etc...mallarméen), j'avais lu le "gardeur de troupeaux", et, n'oubliez pas que, la mer à une main de mon logis, je le peux citer souvent : "la mer est la religion de la nature " ou, vivant tel Walser, dire : "être poète , c'est ma manière à moi d'être seul" (sans ambition), la bonne journée meilleure....
Essayez de trouver des livres de Pessoa, c'est effectivement très passionnant. A bientôt
C'est la dadaïste érotomane qui rivalise avec Pessoa au sujet des multiples pseudonymes dont je n'ai rien lu (hélas)
un manque à ce niveau de la crapulerie du Grapouillot ?