posté le 13-09-2010 à 16:47:04
Le Grand Jeu s'expose.
Mouvement purement parisien (bien qu'il se soit diffusé à travers le monde et donné de la culture une vision planétaire) le Surréalisme va rencontrer dans Le Grand Jeu (mouvement provincial, né à Reims) un concourent si sérieux et redoutable que Breton va en prendre ombrage. Sont connues les luttes intestines qui secouent les tenants des deux groupes et modifient sensiblement l'ordre des alliances qui s'étaient créées.
Outre la revue qui selon l'usage permettait à la fois la définition, la diffusion et la dynamique des collaborations de ses membres : Roger Vailland, René Daumal, Roger-Gilbert Lecomte, Maurice Henry, Arthur Harfaux, Pierre Minet, Joseph Sima, André Delons (le cousin de Jacqueline Lamba, la future compagne de Breton) le groupe organise des manifestations, et celle présentée rue Bonaparte en 1929 souligne la cohésion peinture-poésie qui est toujours au coeur de ce type d'aventure intellectuelle.
La Grand Jeu résultait de la rencontre au lycée de Reims de ses trois principaux protagonistes (Daumal, Vailland, Roger-Gilbert Lecomte). C'était le groupe des "phrères simplistes", "afin de retrouver la simplicité de l'enfance et ses possibilités extrasensorielles" . Le titre choisi est un clin d'oeil à Jarry et à la pataphysique. En progressant, et sous l'effet de la drogue considérée comme un instrument de connaissance, la philosophie des poètes liés par la révolte et l'humour va passer au stade plus périlleux de la recherche d'une "métaphysique expérimentale"
Une déviance qui fissure l'unité première, et entraîne Daumal dans la mouvance (fort contestée, c'est elle qui a tué Katherine Mansfield) du "mage" Georges Gurdjieff.
Commentaires
Ouf, quelle envolée. Tactiquement le Grand Jeu me semble plus près des extravagances ésotériques que de la recherche poétique somme tout bien innocente encore qu'elle mette plus l'esprit que le corps en danger. Bonne journée marine.
Suite des Haschichins ? Précuseurs des Michaldiens ?..Adoubeurs Balzaciens ?.. N'est-ce pas de cette période que furent jeter en l'air, avant de les ramasser pour les compiler comme ils vinrent, les feuillets de poèmes des Epaves du ciel, à ce que j'ai cru savoir dans ma jeunesse (toujours présente), de cet initiateur des trouvailles surréalistes qu'est Reverdy, style "le monde rentre dans un sac", itinéraire spirituel s'il en est, du reste, en conscience pré-logique du subsconcient de la surréalité que Breton trouva d'ailleurs chez votre favori L'autre-et-amont, affirmant que "l'esprit est mûr pour autre chose que les bénigmes joies qu'en général il s'accorde", soit justement, comme saut de l'ange, ce fameux "Grand Jeu" :
- "Faites-vous apporter de quoi écrire... Placez-vous dans l'état le plus passif, ou réceptif, que vous pourrez... Ecrivez vite sans sujet préconçu... La première phrase viendra toute seule, tant il est vrai qu'à chaque seconde il est une phrase étrangère à notre pensée consciente qui ne demande qu'à s'extérioriser...."
Fut-ce bien cela "le grand jeu" ? (du petit "je" , ce "moi haïssable" de chacun ....) Bien à votre subtil esprit.