Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 14-09-2010 à 22:09:51
Dada s'affiche.
L'éclosion (l'explosion) des revues dada, juste après la première guerre mondiale, a été un fantastique laboratoire de recherches graphiques, un creuset d'inventions, d'audace, qui n'a jamais été égalé.
On sait combien la place du mot dans l'espace de la page aura été, depuis longtemps, une préoccupation dont on a déjà des témoignages au moyen-âge.
De Rabelais à Laurence Sterne, l'idée reprise que la page est un terrain visuel sur lequel la position du mot, les rythmes de la phrase dans leur aspect graphique, entrent pour beaucoup dans le sens à donner, moins effet esthétique (même s'il l'atteint) que nécessité dans l'expression.
Et s'impose l'angoisse de Mallarmé, jouant du blanc du papier pour forcer le sens des mots.
Ce que Mallarmé fait au nom d'une recherche poétique, dada le fait au nom du choc visuel que cultive aussi une affiche. D'ailleurs le poème rejoint le tract. Il y a une sorte d'urgence à laquelle il faut répondre, comme un écho des transformations radicales du paysage industriel, de la montée en puissance de cette modernité qui veut secouer les lenteurs, les paresses du texte, pour lui donner le plein feu (comme le néon) de sa force propre.