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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 21-09-2010 à 10:37:27

Théodor Fraenkel un marginal du surréalisme.

Il apparaît, ici ou là, dans l'intimité qui scelle de sûres amitiés. Dans le voisinage d'André Breton et dans le cadre scolaire du lycée Chaptal. Ils se rencontrent et se lient dans la poésie allant jusqu'à fonder une revue (Le Club des Sophistes) dont, à ma connaissance on ne trouve pas trace, et on peut aussi imaginer que Breton fera des études de médecine pour rester près de son ami. Les voilà tout deux au chevet de Jacques Vaché qui sera tellement frappé par la personnalité de Théodor Fraenkel qu'il en fera le personnage, d'une de ses rares nouvelles (Le sanglant symbole). Cela eut suffit à le faire entrer dans la légende. Mais Fraenkel est plus l'homme des attitudes cinglantes que d'une oeuvre continue et organisée.
Un poème de lui passe dans la fameuse et alors essentielle revue de Pierre Albert Birot (SIC) mais pas sous son nom : il est signé Jean Cocteau. Tout Fraenkel est là, dans la dérision. Il sera de toutes les cérémonies de Dada, montant sur les planches pour interpréter ces piécettes qui relèvent moins du théâtre que de la farce de potache : S'il vous plaît (de Breton et Soupault) au théâtre de l'Oeuvre, Vous m'oublierez (Salle Gaveau) Première aventure céleste de M. Antipyrine et Le Coeur à Gaz de Tristan Tzara (Studio des Champs Elysées). Il aborde aussi le collage, mais nullement dans une visée esthétique (comme Max Ernst) et, certainement pas en plasticien. Mais en pamphlétaire. La photographie détournée à valeur de dessin humoristique.
Entraîné dans les scissions internes qui secouent l'unité du groupe surréaliste, il fera son choix du côté des plus radicaux, jetés aux périphéries du groupe.Il y a là Artaud, Desnos, Masson. Même dans sa vie intime il s'allie à la grande famille surréaliste, en épousant une des filles Maklès, les trois autres étant respectivement la femme d'André Masson, de Georges Bataille et de Jean Piel,
Le surréalisme (et surtout Breton) a toujours aimé les singuliers, les êtres chargés d'une force intérieure qui ne passe pas nécessairement par la création (artistique ou littéraire), elle fonde en revanche une vie d'aventures. Celles de l'esprit (et souvent aussi du coeur).

 

Commentaires

saintsonge le 22-09-2010 à 10:35:17
D'accord.

La meilleure poésie serait donc celle qui n'est pas écrite mais vécue...

La meilleure des amitiés est bien celle des bancs d'école, si elle continue dans la vie....
sorel le 22-09-2010 à 10:27:17
Non, rien à voir avec le Cabaret Voltaire. Fraenkel est de dada Paris (avec Ribemont Dessaignes). Par contre c'est le plus ancien ami de Breton (amitié de collège !). Pas d'écrits mais de la vie, devenu personnage de légende. Bonne journée.
saintsonge le 21-09-2010 à 12:29:01
Etait-il déjà du Cabaret Voltaire ?..Derrière le groupe de Zurich 1916, les fondateurs Ball et Emmy Hennings, puis Huelsenbeck ou Christian Schad ?... Son nom est à lui seul aussi dadaïste que de dire : " Bluku terullaba blaudala loooo " dans ces "jeux de fous dans le vide.....impliqués dans tous les problèmes"... Quelle trace un marginal laisse-t-il en marge de sa vie ? Question, sinon universelle, du moins celle que je me pos(t)e (pensant à tout ce flot humain qui grouille en toutes les mégapoles puisqu'en se croisant / s'évitant, aucun ne connait personne, si bien que notre planète est toute en une Signature dADaIstE.? Non ? Ou ces blogosphères aussi où nous sommes en double impasse : dans la peur de ne jamais exister pour quelqu'un , et dans ce désir de créer pour au moins quelqu'un ( autre je (u) de séduction dada dans nos "happenings" solitaires...., inconnus de tous.....?)

Bonne journée sur-réelle......, déjà, moins duelle, sinon....