posté le 23-09-2010 à 10:44:39
Kubach-Wilmsen l'archéologie d'une bibliothèque.
Du livre elles ont la forme. La forme seulement. Leurs feuillets entassés sont une feinte. Une entaille dans la masse, une suite d'entailles. L'illusion est complète. A la mesure humaine et propre à être tenus dans la main, on s'en empare. Surpris alors par le poids. On se souviendra de l'expérience de Marcel Duchamp taillant un morceau de sucre dans du marbre pour juger de l'effet de surprise de ceux qui s'y laissent prendre.
Non pas que la forme seule si habilement reproduite y suffise. C'est qu'ils ont choisi pour l'imposer dans la plénitude de sa matière immuable et somptueuse à la fois, le marbre.
Matériau de la splendeur des palais dont ceux qu'on ne peut plus qu'imaginer dans cet espace d'une Histoire qui a rejoint les mythes et qui, dans leur froideur ostentatoire, rejoignent celle, sombre et inquiétante, du tombeau.
Kubach-Wilmsen (un couple) se sont interdit le pittoresque. Au profit d'une rigueur qui va dans le sens de la durée. Dont celle du discours. Et de sa mise en forme. On ne choisit pas innocemment le marbre pour s'exprimer. On y cherche l'éternité qu'il est le seul à offrir. Et sa gravité aussi. Le marbre est le matériau des oeuvres ambitieuses.
Kubach-Wilmsen composent ainsi une bibliothèque qui est loin d'être un simple jeu, même s'ils jouent de la surprise qu'elle provoque, et d'une mise à l'échelle propre à enchanter quelque amateur de conte qui trouvera là des allusions aux grands mythes de mondes lointains habités par des géants.
Grands, posés dans le paysage comme un autel incongru, ils atteignent le monumental.
On se retrouve là comme à l'instant sublimé de quelque somptueuse découverte archéologique, dont celle d'une bibliothèque qui refuse de nous livrer son message.
Livres abandonnés comme à la suite d'une chute d'une immense bibliothèque venue de la nuit des temps. Parée du mystère de ce temps inconnu dont il ne reste que ces traces qui ont si souvent des allures de sarcophage.
Comme si dans le silence monumental les livres de Kubach-Wilmsen étaient autant de tombeaux pour un texte mort. Ou interdit.