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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 25-09-2010 à 10:36:10

Colette face au Danger.

Importe-t-il plus qu'une action (ou fiction) soit l'essentiel du texte. Ne tient-il pas sa force, sa grâce, son attrait, de la manière même de son écriture, devenue quand l'action fait défaut, l'essentiel.
Et voici Colette dans la mouvement de la déroute générale qui jette sur les routes de France, lors de la dernière guerre, une foule confusément mêlée, moins pittoresque que lamentable (ou pathétique) parce qu'elle signe (dénonce) l'état d'un  pays, sa chute.
Colette  relate une étape chez sa fille (celle aussi d'Henry de Jouvenel). Elle habite le double château de Curemonte, dans un climat de désolation, et des effets de ruine qui inspirent à Colette ses plus admirables pages (dans "Journal à rebours"). Il y a là des notations, des observations, des remarques d'une incroyable finesse de perception et d'un rendu stylistique à la fois très simple et magnifiquement doté du pouvoir de nous ravir du moindre détail donné qui est la réalité que nous ne savons pas voir.
Avec elle la ruine est un grand corps malade, avec sa respiration, ses frissons, le tout signé d'un avertissement qui lui inspire de bien savoureuses réflexions :
DANGER. Une simple planche à demi rongée par le temps et qui met en garde celui qui se risquerait à franchir comme la frontière d'un état de merveilleux. Qu'elle  distille avec gourmandise.

 

Commentaires

sorel le 27-09-2010 à 10:09:23
Parfois l'acuité d'un texte vous laisse sans voix (ou sans savoir quelle voie prendre !) Alors, constat : Je trouve le votre à la hauteur de son sujet. Ruine pour ruine, celle du corps est peut-être la seule que l'on peut dominer. On a chaque jour son jour du patrimoine.
saintsonge le 26-09-2010 à 13:07:38
En plus, vous savez quoi ?.. C'est une seconde "envolée" - je vous avais écrit une réponse encore plus longue, puis je l'ai "postée" , mais en omettant de remplir les cases du haut, si bien qu'on me dit : "pseudo trop court", et tout fut annulé !... Curieux, dans la vie, je réussis toujours mieux les deuxièmes fois..."La seconde", livre de Colette.

Oui,

elle nous interroge "Trois..six...neuf..." car, contrairement à votre pensée, ce n'est pas le château qu'il faut comprendre dans son terme "ruine", mais la vie même de Colette :"que je vive dans un pareil gîte ! que je pense en sortir comme s'il m'enfantait ! que j'y rentre comme si je retournais à un temps d'avant ma naissance..." ELLE mourait donc à soi, dans ce "château", dans son propre "corps-citad'elle", ce qu'elle appelle alors "ruine", c'est son corps, non le château, son corps pour renaître plus vivante que jamais, en contact avec la vie - des bêtes et des gens, femmes et hommes -, la vie qui l'anima - anima / animus -, et, c'était sa matrice "féline", pleine de vie, que ledit château de son enfance, "ruine" parce qu'elle y étouffait, peut-être, et, d'y mourir de joie pour renaître à elle-même, le coeur encore plus léger, pour écrire...

Est-ce la mer proche de ma rue, ou Colette, la réelle inspiratrice de mes commentaires à votre très beau texte, allez deviner ! Les deux sûrement.

"Troix ...six...neuf" fois le bon dimanche, cher ami (des Arts et Lettres dont le vulgum pecus n'a cure) ; Moi, je suis un homme fluide..., retiré du consumérisme à outrance... Le bon dimanche, vraiment ! Ciel bleu, nuage à la Magritte, justement, léger vent frais, et, Perros éternel au bas de ma rue, dans le cimetière-demeure qui surplombe la baie de Douarnenez... Très beau temps.
sorel le 25-09-2010 à 16:32:12
c'est le château où colette se réfugie pendant la guerre (il appartient à sa fille Colette de Jouvenel) curieusement elle parle de ruine (et si bien) et on trouve ici une bâtisse en parfait état. Que croire ?
sorel le 25-09-2010 à 16:21:28
vraiment admiratif devant cette envolée. Le bruit de la mer vous donne des ailes. Bonne journée
saintsonge le 25-09-2010 à 11:39:51
L'enfer, pour elle, serait "La Paix chez les bêtes" - "l'ombre qui grandirait comme un nuage et couvrirait, d'une aile effrayante, cette terrasse, et le pré, et la plaine, et votre maison fragile" - qui est alors ce château double ?...

Macha Méril est venue sur Douarnenez, ceci pour la confidence, elle me dédicaça DUO : "pour Bertrand qui aime Colette comme moi, Macha Méril, 29..06.07", nous avions évoqué un peu cette auteure des Claudine, de la retraite sentimentale (autre débat que ceux de la "retraite" actuelle !)...Ai trouvé sur le marché de Tréboul Chats de colette (Albin Michel, décembre 1949) elle y préface qu' "il n'y a pas de chats ordinaires.Il y a des chats malheureux", moi peut-être, miaulant ici , en Bretagne , chat aux yeux verts - y suis-je pour avoir lu le blé en herbe, dès quinze ans ?... Sur la porte de ma chambre-océan, ai scotché une reproduction de sa main écrivant sur une feuille où s'est allongé un chat qui fixe la pointe du stylo plume.

"enrichie d'un secret et d'un doute, je dormais avec le mot, et je l'emportais sur mon mur (La maison de claudine ; ce château aussi ?)"... Bien à votre journée moins "vagabonde", et merci de cet apport sur l'ingénue libertine...