Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 25-09-2010 à 16:24:02
Un monument de la solitude : le livre.
Dans l'inextricable forêt des mots que Proust met en scène une phrase sort de son contexte et se met à scintiller comme une enseigne. C'est
: les livres sont l'oeuvre de la solitude.
Cela, seul, suffit pour nourrir un regard, une pensée. Un destin.
Toute écriture est une trace. Plus ou moins codée.
Le contenant est un monument. De style et de taille fort divers et chacun ayant ses clefs.
Le découvrir, y pénétrer, c'est violer une solitude qui y est tapie.
Toute solitude se meuble de fantasmes, confine parfois à la folie.
On peut voir, dans l'oeuvre de Lautréamont, (encore qu'on lui prétende quelques mondanités lors de son ultime séjour parisien, mais n'était-ce pas seulement ceux de son banquier -car il n'était pas pauvre- et de ses éventuels éditeurs !) l'expression achevée de ce mal de la solitude qui prépare les livres les plus beaux. Les plus riches et dont la richesse serait en exacte proportion de l'étendue du mal psychique que la solitude peut engendrer.
Faute d'aller dans le monde on se le créé à sa guise , à son image. Sans doute on est loin des livres qui sont le produit d'une expérience (voyageurs), mais dotés de l'étrange pouvoir de l'imaginaire qui le peuple.
Il est aussi une énigme. Une solitude n'est-elle pas un drame caché, à celui-là même qui l'éprouve, et le livre devient la clef, choisie pour en sortir. S'en sauver.
Commentaires
Ah oui, PS / J'aime ce Magritte.
L'homme est-il une bonne poire peinte en pomme-ci ?
Acte sexuel pour le moins, que LE LIVRE, de l'art de le lire ou de l'écrire.
Il est évident que j'abonde en plein sens de votre texte, d'autant que la solitude, elle me devient femme-amante-pute-nonne-douceur-aimante-jalouse (du bruit de la ville dont elle voudrait bien en connaître la débauche)-pieuse et reposée, méchante quelquefois (valéry : un homme seul est toujours en mauvaise compagnie)-onaniste-priapique-sage-enlevée (par les fantasmes, justement)- donc, "un drame caché, oui, et je "l'éprouve"...
"Es-tu donc l'auteur ? - Plût à Dieu ! mais j'ai quelquefois comme une illusion que je le suis" (un athénien devant une statue de Phidias) ; femmes, hommes, moines, jeunes et vieux, bêtes, jeune fille, autres mêmes, tout en moi vibre d'insatisfaction et de bonheur, il y a lutte entre ces deux forces contraires.Ah grand dieu, quel attelage !
Chez moi, dans ma chambre-océan, l'Ange de la lecture fait rouler la pierre devant le sépulcre du Livre. Et, de Montesquieu, je vous l'ai dit, je crois :
"Une heure de lecture est un souverain remède contre les dégoûts de la vie"...Ah merci, cher ami, je n'avais presque plus d'argent, en fin de ce mois, et de lire votre article, ça m'en ôte le dégoût de moi de n'être pas plus socialisant /able, (recommandable ?) (aimable ? - Mais, j'aime, pourtant !.. Oui un "monument" que cette solitude !
Père Bertrand sans Abbaye, ni communauté, que quelques blogs amis dont le vôtre, "pour aller dans le monde"...N'aurai-je qu'une vie en virtuel, tout-à-coup, j'y pense... ? Le temps n'est plus aux liseurs, mais alors , quid de l'Umbratilis vita (s'enfermer à l'ombre, comme je fais, et vous sans doute.., plusieurs jours durant, pour ne rien faire que....LIRE ! Isolé dans ce petit monatère isolé, les femmes que j'ai connues me détestèrent pour ça, et la récente Blandine , en sus ! La B. de B de mon blog, puisque vous y êtes passé...Elle était ennemie de la lecture. Choisir entre l'amour, son sexe ou les pages encore à lire, à écrire...Bien voilà, je ne suis pas parti, je ne pète pas de thunes, et...j'ai gardé "ce vice impuni" !!ALORS : "quand je veux lire un bon livre, je le fais"... Ainsi retrouvé-je mon estime. Bien à votre bonne intuition du jour, et Kenavo du site;;. Le Poète est ce critique d'art qui "travaille" avec lui, jamais ensemble. Je donne de l'écriture comme de marcher dans la lecture très impétueusement en avant-monde, ai-je tort ou raison, sieur Sorel et ami ? C'est que nous sommes en...2010. Déjà ? Eh oui....comme dirait Serge Moatti