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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 27-09-2010 à 15:41:29

Un Soupir à la Tchekhov.

Il n'est plus que l'ombre de lui-même. Pierres taillées comme par la foudre, au milieu des champs, et une porte sublime, menant au vide, à l'espace qu'elle marque comme d'un sceau magnifique la fragile et tremblante présence. C'était le château (comme il y en avait tant) de Soupir, ravagé par la première guerre mondiale (il est aux pieds du Chemin des Dames).
L'imaginaire que met en route la plus simple image (et la magie des cartes postales anciennes) nous restitue une vie de grande bourgeoisie. Une sorte de version  française du monde de Tchekhov avec ses sentiments blessés, ses amours impossibles, et son exquise politesse.
C'était au temps d'une vie que l'on disait plus facile, mais reposant sur l'abnégation des plus modestes qui se mettaient au service des riches. Une cassure dans la hiérarchie des classes qui avait ses cadres : les lourds décors de tapisserie et de boudoir des appartements parisiens, et ces demeures de campagne, château de carton pâte et de fantaisie avec ses références naïves au moyen-âge.
Le romantisme était passé par là, le style troubadour et l'imaginaire développé par l'inventif Viollet-le-Duc. Chacun voulait son petit Pierrefonds privé. On est entre le merveilleux de la Belle au bois dormant, et les grâces surannées des troubadours. Un château pour cadre d'une histoire d'amour. Chacun doit l'inventer.

 

Commentaires

Saint-songe le 28-09-2010 à 20:52:45
Je vous ai recopié le même commentaire sur la page "Eluard"...
saintsonge le 28-09-2010 à 18:17:18
Et ainsi savez-vous, comme de juste, que le poète étant "son" critique (d'art), ils ne travaillent jamais ensemble...Tel poète qui comprend, qui analyse, uni à ce "critique", NIetzsche ne lui voue pas une reconnaissance, disant que tout grand poète ne doit rien regarder du tout, surtout pas en "arrière"... Le poète-critique démêle l'écheveau de ce qu'il veut, l'avertissant d'un "ce que tu veux obscurèment, le voici clairement : tu veux ceci...", dit de lui-même, critique de son "donner à voir", critique surveillant son achèvement en disant : tu n'es pas arrivé à ce que tu voulais vraiment, et l'as-tu su, d'ailleurs, en commençant ton oeuvre, et ce que tu as voulu "rendre" au monde ? Le sens critique : "un poète uni à un critique d'art et travaillant avec lui", jamais ensemble, cependant...puisque critiquer, c'est "examiner, comparer, raisonner, discuter, juger..." pour que nous, lecteurs, nous puissions admirer-voir... L'heureux bonsoir d'ici d'un ciel bleu Fontaine d'un "contre ceux qui ont le goût difficile", ciel ensoleillé excellement nuageux....En quittant Pococurante, Candide dit à Martin : "Voilà le plus heureux de tous les hommes : car il est au-dessus de tout ce qu'il possède...", ce que je crois que fut Eluard....