Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 02-10-2010 à 11:29:06
Kirchner, un dessin au lasso.
On apprend qu'il fut l'une des victimes (elles sont nombreuses) de l'intolérance et de la stupidité des chemises brunes entendez la règne des nazis. L'art, selon eux, devait exalter la force musculaire de l'homme nouveau. Quelque chose dans le genre monsieur muscle et familles nombreuses, blondes bien évidement.
Alors que lui, Ernst Ludwig Kirchner, dévoilait la face sensible de l'homme et ses angoisses, ses plaisirs (d'où la chair) et ses vertiges. Et pour le dire, le donner à voir, un trait vif, mordant, prompt à tenir dans son élan, un instant de vie (pour défier la mort). Ce n'est pas un art de l'immobilité, mais, bien au contraire, celui qui capte au lasso un geste, un instant, et le dit avec un tremblement dans la main (comme on dit un tremblement dans la voix) sous le coup de l'émotion.
Il se prête volontiers à la confidence, ou, plutôt, en marge du dessin, pour le mieux saisir dans sa spontanéité il le commente, et se laisse aller à la confidence.
Noté, au passage: "mon travail naît de la nostalgie de la solitude", la cherchant comme un espace de bien être pour se mieux connaître.
Bien des mots pour mieux baliser son territoire à une époque (le début du XX° siècle) où l'artiste se cherche, s'affronte au réel au lieu de l'imaginer comme ses aînés. Devant l'adversité de son temps à son égard il est victime de dépressions nerveuses. Malade, il connaît les établissements de repos, et au terme d'une longue errance en lui-même, il se donne la mort (1938). Victime de l'art qui abat ses soldats quand le monde est en effervescence.
Son trait, si sensible qu'il semble tout le temps s'évader de sa mission, brûle en lui comme un feu qui court le long d'un fil reliant la vie à la bombe qui va l'anéantir, arrache au réel des présences. Cette femme au miroir, à la présence si forte !
Et le miroir pour décupler cette présence (on songe aux expériences en d'identiques jeux de réflexion de Egon Schiele), elle est là, promise à quelle connaissance d'elle-même ?
Se regarder dans un miroir c'est douter de soi.
Commentaires
Terrible solution d'un incompris que de devoir toujours traverser le "miroir" après s'y être par trop regarder, et, de le traverser, poussé par l'indifférence généralisée, ce, par toutes les époques... Je lui connaissais mieux Schiele - qui s'intéressa aussi à la Vie de Van Gogh - cet "éternel enfant" condamné, emprisonné, accusé de détournement de mineurs (le juge brûla l'une de ses œuvres lors de son jugement, en plein tribunal) ; qui ne se préfigure-t-il pas un destin de "révolté", dès qu'il touche à l'art ? A cette époque où l'expressionnisme allemand altérait davantage les visages afin d'en portraiturer le vif des sentiments - "je voulais regarder les Hommes en colère avec amour pour obliger leurs yeux à me rendre la pareille", dit un de ses poèmes, tout ce qu' Hitler nomma : "dégénérescence de l'art"....
Temps pesamment gris, ce jour.
PS / J'ai trouvé le bug avec mon lien "contact" via mon blog, c'est que je ne me souviens plus de mon mot de passe !!!