posté le 04-10-2010 à 10:27:11
Verlaine dans l'atelier de Carrière.
Si Carrière ne fut pas un intime de Verlaine (ils se seraient vus une seule fois, dans l'atelier de l'artiste de la rue Hégésippe Moreau où le poète devait "poser" pour le peintre) il sait admirablement traduire le caractère pathétique de son modèle, sur le long chemin de sa déchéance. Charles Morice qui est à l'origine de la rencontre se souvient : " Le poète, malade, était à l'hôpital, à l'autre bout de la ville. Tout avait été préparé, Carrière l'attendait. Pas un instant Verlaine ne posa. Durant cette unique séance de quelques heures, il ne cessa d'arpenter l'atelier en parlant haut. Pas un instant Carrière ne cessa de travailler. Verlaine partit, je crois bien sans l'avoir aperçu" pourtant, le peintre saura "voir la vérité du poète, et la dire".
Gustave Geffroy (dont il a fait aussi le portrait), en observateur attentif et pénétrant, avait noté : "Toute la mise en scène savante que (Carrière) donne à la pensée qu'il veut mettre en lumière consiste à isoler son sujet, à l'éloigner de tous les objets qui pourraient attirer l'attention de celui qui regarde. Il veut aussi assurer à ce sujet le bénéfice de l'intérêt total, il lui donne toute sa place, il n'en fait pas le centre du tableau, il en fait le tableau tout entier";
Plus que tout autre, en raison même de sa nature et de son état, Verlaine pouvait représenter un sujet idéal pour la manière de Carrière toute de souple et évanescente suggestion, et forcée sur le caractère mélancolique de la réalité qu'il scrutait. On l'aura vu dans ses nombreuses compositions basées sur le thème de la maternité. Avec quelque chose de languissant, de souffreteux, définissant la nature humaine. Ce qui l'amène à user d'une touche rapide, évitant le détail anecdotique pour atteindre l'essence même du sentiment qui est le véritable sujet. Il rejoint aussi le monde de Jehan Rictus sans en avoir cependant la gouaille et le caractère parfois provocateur. C'est Steinlen qui prendra en charge la matériel poétique du chantre de la désespérance dont la rue est le cadre naturel.
Carrière est plus feutré. Ce qui le conduit à traiter le paysage dans une gestuelle finement (mais discrètement) colorée. Et déjà d'une étonnante modernité pas son adhésion à l'atmosphère plus qu'à l'architecture des formes. Il exprime une sensation.
Commentaires
il m'a échappé c'verlain, mon ordi bug gravissim... Plus d'e... programm'qui bug aussi... Ah là là l'informa-tic !!! Plume 'vaut mieux ... Ma main n' Danse plus sur l' clavier
Ça m' en-nuit-grave'...Zut !