VEF Blog

Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 09-10-2010 à 10:50:13

Madame Hanska dans les meubles de Balzac.

Madame Hanska au salon.

La voici donc l'élue, Balzac avait fixé sa vie sentimentale sur une audacieuse lectrice qui lui avait écrit son admiration. Ainsi s'établissent des intrigues autour des mots, et le livre est le support des voyages les plus riches de l'imaginaire. Pourtant Balzac a risqué une véritable approche en faisant un périlleux voyage dans ce qui était alors la lointaine Russie. La temps faisant son minutieux et lent travail, la femme élue devenue veuve peut convoler en véritable noce civile.
Vaut-elle mieux que le rêve qui la précède ?
Devenue madame (de) Balzac la voici dans ses meubles, ce "palais" conçu par son admirateur à la veille de sa mort. Un déballage de trésors accumulés au cours des ans en se ruinant. Cela fait une maison bourgeoise. Les personnages qui entrent en scène vivent alors en conformité avec le cadre ainsi créé par l'amour, vécu dans l'ordinaire du quotidien. Le comble pour une passion si longue, si riche en mots pour la dire et se substituer à elle. Une silhouette bien de son temps, frileuse mais engoncée dans le confort qu'on lui a préparé. On ne nous l'aurait pas dit, ce serait-on douté que c'était madame Hanska venue du pays des neiges pour se réfugier dans le confort d'un Paris qui sortait à peine du Romantisme et entrait dans le mauvais goût "fin de siècle", avec ses accumulations d'objets, ses tentures lourdes et ses cadres trop dorés. On est entre l'intérieur de la Princesse Mathilde qui fait des mondanités et celui d'une coquette (une cocotte ?) qui se donne des airs bourgeois. La frontières et fragile alors entre celle qui vend son corps et celle qui l'ayant déjà vendu s'enferme dans la dignité. Une dignité feutrée.