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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 19-10-2010 à 16:39:31

Anatole Jakovsky découvre Gaston Chaissac.

C'était dans les années 50, Chaissac n'était pas encore une vedette et les amateurs qui suivaient son travail étaient encore rare. Bien qu'ils fussent dans    les sphères les plus raffinées de la culture, ce qui n'est pas l'un des moindres paradoxes de cette oeuvre fêtée pour son "innocence" (elle est surtout un vagabondage de l'esprit et non dépourvue d'une certaine acidité) et considérée, par sa marginalité même comme une réponse aux nombreuses questions que se posent alors les tenants d'un art qui se cherchait de nouvelles orientations, de  nouveaux maître. Il était l'un d'eux. La reconnaissance de Jean Dubuffet n'était pas  pour rien dans cette reconnaissance et l'attachement que lui portent les écrivains (Jean Paulhan le publiant chez Gallimard).
Le territoire de la "critique" était encore presque vierge à son endroit et voilà que surgit un modeste petit livre publié par Les Presses littéraires de France (une maison d'édition comme il en existe toujours en marge des grandes entreprises, commerciales et qui donnent souvent le meilleur de ce qui s'écrit, se pense). il est signé Anatole Jakovsky, un grand spécialiste, de l'art naïf (bien que Chaissac n'en soit pas un), et surtout de toutes les singularités, qu'elles soient d'ordre artistique (plastique) ou littéraire. Il va même vers les arts souvent réprouvés, qu'ils soient ceux des enfants, des fous, des marginaux de tout poil.
Un texte d'une rare pénétration qui situe bien Chaissac par rapport aux artistes faisant appel aux objets, dont Marcel Duchamp  qui ouvre, lui, la voie de la contestation quand Chaissac ne vise qu'à s'exprimer dans une spontanéité qui fait tout l'attrait de sa démarche."Chaissac enlumine la pierre, la racine, la brique et les détritus de toute sorte, tout comme les moines qui enluminaient le parchemin".
Il y a, en effet, chez lui, un goût de la note forte, la couleur poussée au maximum de sa puissance". Le fameux savoir faire du peintre qui a "fait les écoles", cède la place à "des accents de cette sincérité inimitable, puis cet aspect du jamais vu" qui caractérise son  art.

 

Commentaires

Saintsonge le 19-10-2010 à 16:43:11
ah bien voilà un retour appréciable ; pour le même article, l'effet est plus chaleureux, comme dit , hier dans la nuit, donc en ce petit matin...