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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 23-10-2010 à 10:49:09

Proust et la femme de Salon.

Axe majeur de la réussite dans la vie intellectuelle de la fin du XIX° siècle, le salon est un territoire strictement balisé par des préjugés. On y pénètre que parrainé, on y fleurit que distingué par la maîtresse de maison qui règne tel un militaire sur un champ de bataille (c'en est un). Car l'enjeu est de taille. On y fait et défait les réputations. Proust a admirablement analysé le phénomène, lui qui avait fait ses classes chez Geneviève Strauss (ex femme de Bizet), la comtesse de Chevigny, et "l'incomparable" Greffulhe, fort infatuée de sa personne et avançant dans sa vie mondaine comme une souveraine entrant dans sa ville.
L'esprit n'est que l'écume de l'intelligence et de la culture, un langage codé, nourri de références occultes, de combinaisons de clans, et la sensualité y a deux visages, selon que l'on flatte une duchesse dans le salon et que l'on culbute les servantes à l'office.
A côté de Proust, guindé et subtil, il y a toujours la fougue primitive de Maupassant, un monde de caniveaux et d'offices de notaires.
Le portrait mondain naît en même temps que ce pouvoir du jeu social sur la carrière des hommes qui s'y frottent, y font leurs classes, et des jeunes dindes qui apprennent les bonnes manières et l'art d'enjôler les vieux célibataires. Sargent, Boldini ou La Gandara inventent une femme flexible et plaquée or, à la sensualité si bridée, si contractée que l'on y prépare le terrain où ira fouiller Sigmund Freud. Il faudra passer par Vienne (Autriche) et se laisser conduire dans les ateliers des artistes de la Secession, Klimt et Egon Schiele y annoncent la femme moderne.

Extrait de "La femme flambée de la Sainte Vierge à Brigitte Lahaie".

 

Commentaires

Saintsonge le 23-10-2010 à 14:49:12
Il n'y a plus guère de "salon", sinon de fantomattiques "tenue de soirée" comme Sollers fait chez son amie comtesse Vénitienne (je lui ai écrit , il ne m'a guère répondu) ; ces réunions ont fait la gloire de Maupassant, entre autres...

La pluie d'automne peint un ciel Verlainien, les bogues chutent en petits cerveaux qui éclatent (mon fils les nomma : les oursins de terre)...