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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 26-10-2010 à 17:30:40

Virginia Woolf en son laboratoire.

En bâtissant l'énorme entreprise éditoriale qu'est son roman "Les Années", au demeurant d'une facture presque classique, encore que le découpage y souligne la glissement sensible du temps Virginia Woolf, entreprend l'histoire de toute une famille (les Pargiter) sur plusieurs génération, de 1880 à 1936. On passe de l'un à l'autre des multiples personnages, l'auteur ayant le don de pénétrer au plus profond de leur conscience, non sans une forme très personnelle d'humour, et faisant passer à travers cette saga toutes les considérations sociologiques dont elle tire une analyse profondément ancrée sur la condition de la femme (encore sous la pesée des préjugés de l'ère victorienne) dont elle se fait un devoir d'y apporter une solution .
Autour de ce roman, le préparant, le complétant, des écrits consignés dans un ouvrage portant le titre donné par l'auteur lui-même : "Le Livre sans nom". A chaque chapitre de la fiction est ajoutée une analyse portant sur la situation évoquée, l'état des personnages et les données sociales qui en sont les causes.
Etonnant analyse, pas à pas, du livre en train de se faire, et véritable laboratoire de son élaboration.  Projetée en un premier temps comme un tout (roman et essai sur le roman) la complexité du procédé viendra à bout de son ambition périlleuse et sans doute irréaliste (Encore qu'il serait tentant de reprendre le principe pour toute nouvelle création romanesque !).

Peut-on voir dans ce vaste roman un écho de la propre vie de Virginia dans sa famille, avec la présence du père Leslie Stephen, personnage haut en couleur, d'érudit porté par les préjugés de son temps, les soeurs et frères de cette famille "recomposée" (chose rare à l'époque) qui va bouleverser la vive sensibilité d'une jeune fille écartelée entre les rigueurs morales imposées par son milieu, et l'étendue de ses rapports avec la vie culturelle qu'on y vivait au quotidien.
En entrouvrant la méthode de travail de Virginia Woolf on donne plus envie encore de se familiariser avec son oeuvre si attachante.

 

Commentaires

Saintsonge le 27-10-2010 à 05:15:26
lire : n'y voyez

(et, à la lecture :supprimez le "dès" d'avant l ' air)

- je vous écris au saut du lit, tout de même, sans la première tasse de café noir...

Merci, très bonne journée à vous, et aux vôtres
Saintsonge le 27-10-2010 à 05:11:30
Très jolie photo, surtout à voir, dès 5 heures, à mon lever - en pleine forme, dès l'air est doux, dehors , presque seul au monde du bout du monde ici (j'adore cette forme de santé-là, l'opposé de celle de dimanche, et, je pense, je m'allie à la bipolarité de Virginia, de celle des grands "créateurs" dont Baudelaire, Hugo ; n'y voyait aucune marque d'insolence ou de surmoi déplacé, c'est celle simple et vraie de mon sang, oui, à cette heure, je conçois beaucoup mieux le travail de tout "laboratoire" ("central qui plus est", où les neurones créatrices sont déjà activées, à peine levé ; je pourrais chanter meme, or ma voisine octogénaire y trouverait à redire, me corrigeant tel un enfant, ce à quoi elle aurait bigrement raison....) Nuit noire, mais douceur d'ange, dehors et en moi...