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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 29-10-2010 à 14:14:28

Le Bal des Ardents, le jeu du plaisir et de la mort.

Paradoxalement, la finalité du nu passe par sa vêture, son ornement (d'où l'attrait du strip-tease). Une femme à sa toilette (la Nana de Manet) se prépare aux jeux de l'amour, à ses rites, lui ouvrant l'horizon de ses plus profonds désirs. Abandonnant la banalité du quotidien pour s'embraser en des moments qui sont cependant inscrits sur une carte dont elle ignore parfois tous les itinéraires et dont elle déchiffrera les paysages variés, dont elle gouttera les fantaisies et où elle s'effondrera dans le culte du plaisir.
De fait, tout est programmé. Le lieu choisi en fonction de sa vocation, les partenaires inscrits dans un registre déjà connu, le plaisir  est dans l'art de grappiller les gestes qui l'accompagne comme on fait ses gammes dans une société réglée en toutes ses manifestations, codifiée jusque dans ses rêves, eux aussi inscrits dans le cycle des conventions qui régissent jusqu'au cérémonial de la fête.
Le moment même est rituel. Dans la banalisation du plaisir démocratisé et dans une société qui l'a inscrit dans ses légitimes acquis, c'est la fin de la semaine, en des soirées longuement préparées. Mais suit, comme le remords après la faute, l'écoeurement,  à l'heure tardive quand la nuit a déjà mangé ses promesses et s'est épaissie aux premiers miasmes dont elle se nourrie. Une nuit de plomb comme il est des heures du  jour qui nous suspendent à notre conscience et nous gèlent soudain sur la plus terrible question qui, à cet instant, traverse notre pauvre cervelle affolée de tant de béances.
Hors de nos vies rivées à ses aspects pratiques, millimétrés, les gouffres s'ouvrent autour de nous, et chacun, comme il le peut, y négocie ses vertiges. La recherche du plaisir et la plus largement partagée.
Pour cette cérémonie des approches, des confusions et des abandons, la vêture est nécessaire qui a ses codes et ses traditions.
Harnachée, la femme est l'objet des regards plus que nue où elle est déjà sur le chemin de sa solitude retrouvée au delà du flamboiement de ses étreintes.
Tel le prêtre s'habille pour célébrer sa messe, la femme s'apprête pour entrer dans le rite dont elle est l'objet autant que la victime. Toute une gamme de figures, au choix, avec des redites, des récurrences, des caricatures de ce que déverse la promesse du plaisir dans l'esprit du spectateur.
Vêtures. Et d'opulentes, et d'agressives, et de soie et de cuir, et drapées et entrouvertes, et effrangées, et glaciales comme une armure.
Notera-t-on que l'importance du vêtement, son sens symbolique, n'est jamais plus grand que dans l'esprit festif. C'est celui du dédoublement, dans l'esprit du carnaval. On se vêt de fantaisie quand on se défait des contraintes, d'une pudeur contraignante, sociale.
L'attrait du  nu conduit à l'exploration de son inconscient, celui de la vêture à celle, de la communication, au jeu des échanges sociaux. Se dénuder est un geste égoïste qui nous renvoie à nous même ; se déguiser (se choisir une silhouette) nous projette vers autrui. On se moule dans un personnage de notre choix, relevant d'un rêve fortifié par le costume, ses étrangetés. Mais qui ne dure que le temps d'une fiction (d'une fête). On s'y brûle aux séductions d'un rêve qui s'y incarne. Comme le firent ces seigneurs aussi légers qu'inconscients, qui se vêtirent de poils, de plumes retenues par une colle pour une danse qui fut celle de leur mort. Le Bal des Ardents est bien au coeur d'une imagerie aussi riche que désordonnée. Le corps brûle dans les atours de ses rêves.
Le bal masqué est l'espace privilégié de la rencontre provoquée par la surprise. Derrière le masque, l'attente. Réduit à cet objet que l'on tient devant la visage comme pour le doubler ("je suis un autre"). Masque, cet éventail qui colle à la peau. Seul le regard est vrai quand tout ce qui l'entoure relève du grimage.
Il y a lieu de s'interroger sur la propension à glisser vers le monde animal. Plumes, couleurs chatoyantes, matières frissonnantes, toute femme masquée se fait oiseau.


 

Commentaires

Saintsonge le 30-10-2010 à 11:35:57
Pour Picasso, je reste encore dubitatif.

Merci du conseil pour "la petite fille" devenue dame-qui-me-drague, oui...

Sous Proust, la diligence ; la Rolls fait ainsi moins la diligence de la fille / femme devenue, oui encore (j'ai trop le coeur qui s'emballe vite !)

Un simple trombone peut ainsi relancer la vie d'un ordinateur, très curieux !.. Le dépliant jusqu'à l'érection de l'objet fin, métallique, j'en ai eu l'idée bien phallique quand je vis ce petit trou sous le mot "reset" de ma boite réceptive... L'essai fut, à ma grande surprise, très concluant !... Comme quoi la sexualité se niche partout (rire)...!

Bien en ciel bleu du jour (un bleu-du-ciel tout en Bataille !)
sorel le 30-10-2010 à 10:37:24
Pour Picasso, j'ignore. Méfiez vous des petites filles qui vont à l'école en Rolls. Heureux pour vous que l'écran retrouve sa clarté. Bonne journée.
Saintsonge le 29-10-2010 à 19:28:54
19 H 27 ; résurrection informatique , j' ai fait "reset" (remise à zéro, avec..... un trombone !!) Le trombone est un Sauveur !!!

que je touche du bois, dit-on...., pour sa sauvegarde...
Saintsonge le 29-10-2010 à 16:59:10
Mon "plaisir" d'internaute est "mort", ce jour, jusqu'à résurrection de mon PC... Il a tout bugué, à 15 H (plus de téléphone ni connexion internet).... L'ardent "masque" de l'écran s'est noirci.


- J'entrai en "communication- mail" en plus avec une "nouvelle" femme-oiseau de la campagne parisienne (qui allait en Rolls à l'école, dans sa jeunesse , façon Doisneau comme univers particulier ; le père d'une de ses copines tenait le " Mogador"... elles furetaient ainsi dans les combles, m'a-t-elle révélé, qui habitait rue du Bac, près de chez Gary / Ajar, et, plus tard, non loin de chez .".les" Gainsbourg / Birkin !!!)

PS/ Ici, quelqu'un me certifia que Picasso est venu habité non loin de chez moi, à Tréboul, le temps d'orner maison achetée et honorer amantes, vous confirmez ou pas ce dire de grand'mère bretonne ?...