Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 05-11-2010 à 20:38:30
La gloire posthume de Gaston Chaissac
Pourquoi toujours revenir à lui. Il est un exemple. Un modèle ?
Ou bien la pratique de l'art est une manière de s'inscrire dans la société avec un label qui "porte bien" et souvent donne des droits et des prestiges, encore faut-il les mériter.
Ou bien la pratique de l'art (sous quelque forme que ce soit), et une manière de vivre, de lui donner un sens, une orientation. Alors on fait son petit chemin sans trop songer à la promotion de ce que l'on produit.
Il peut y avoir une forme d'orgueil a agir ainsi. Une volonté de s'afficher sans chercher la gloire. Ou bien on se contente de celle qui émane du cercle étroit de ses intimes (familles, voisins, riverains). Tout être qui veut vivre ne peut s'exclure de la reconnaissance de son existence, et naturellement des formes qu'elle prend.
Chaissac est un parfait exemple de cette ténacité à créer dans la plus totale solitude, sans négliger pour autant les petites satisfactions (si puériles) d'une reconnaissance locale. Une exposition visitée par le sous-préfet du coin (un personnage imaginé par Alphonse Daudet, souvenez vous du délicieux sous préfet aux champs des Lettres de mon moulin !) de quelque notabilité locale (elle se situe entre la médecine, le droit et la cure), et vous voilà reconnu. Moins sans doute que la gamine écervelée qui aura gagné à un jeu télévisé ou se sera risquée à chanter (mais du temps de Chaissac, cette folie n'existait pas encore). Il n'importe, dans sa solitude, l'artiste s'accroche à des babioles aussi dérisoires sans pour autant prétendre à une reconnaissance "nationale" (et que dire de celles qui atteignent la dimension de l'international !). Il aura raison Chaissac, dans sa solitude villageoise. Le temps a fait son travail. Il est aujourd'hui une sorte de gloire de l'art moderne ( et d'une cote appréciable). Ce sont les héritiers qui en profitent, en gèrent
le cheminement. Et pourquoi pas ?
Commentaires
Je vous tends mon bras nu à cette piqûre de rappel qui me vaccine contre la "gloire" des "écervelés", d'autant que Chaissac fut des miens choisis pour "modèle" de vie artistique, il le devient davantage encore... Ma solitude lui ressemble... Bien à vous par le crachin breton, en bras de chemise dans mon "laboratoire central"... Quelques dessins, ce jour, quelques poèmes encore, j'ai délaissé le roman - y viendrai-je un de ces jours ?..