Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 06-11-2010 à 21:43:04
Sissi en Mimi Pinson.
Si le romantisme a inventé la femme fatale, Mimi Pinson entretient, au niveau des humbles, dans le droit, cycle de la littérature populaire, le mythe de l'amour badin. Il se cadre dans un environnement de convention, inventé par la misère, la croissance urbaine et le prolétariat. Une fenêtre sous les toits, des pots de fleurs, une cage et son oiseau. Une image-type perpétue une certaine idée du bonheur simple et tranquille. La romance s'accorde aux chants de la rue, aux promenades à la campagne, à un mobilier chétif et des repas de fantaisie. Pourtant, comme dans les contes de fées, dont Mimi Pinson est une sorte d'enfant du trottoir, l'attente du prince charmant est une finalité d'une vie humble mais nécessairement provisoire. Elle n'est admise que tout ce éclairage du temporel, du furtif. Elle n'admet pas le vieillissement. Une Mimi Pinson qui n'a pas rencontré son prince charmant est une future clocharde.
La frontière est fragile entre le bonheur d'un instant, délicieux, et ce gouffre qui menace.
Par une bizarrerie des caractères, et les fragilités de la nature féminine, l'esprit de la romance peut sauter au dessus des barrières sociales et atteindre, de plein fouet les individus apparemment les moins destinés à en vivre les affres et les plaisirs.
Il y a du Mimi Pinson chez Sissi, pourtant impératrice et entourée de soins, d'attentions, et préservée de toute atteinte de la misère. Parce qu'elle romantise sa vie, vivant mal sa vie d'impératrice. Telle les personnages des Contes de fées, elle serait presque disposée à troquer sa couronne contre une soupente partagée avec l'homme de son coeur.
La situation particulière que le hasard lui a façonné la conduit à moins chercher l'amour à travers autrui qu'à travers un égoïste culte de soi-même.
Le flamboiement de sa fonction (nécessaire à sa pratique) se retourne contre elle, et elle se disperses en futilités, babioles précieuses, errances et cancans, batifolages et coquetterie (n'est-ce pas aussi le cas de la reine Marie Antoinette ?)
Un état largement partagé par une classe de femmes saisies (enfermées) dans un état social et un destin qui leur interdit une liberté chèrement payée par ceux qui en connaissent la jouissance mais pâtissent, dans le même temps, des épreuves de la vie matérielle. Comme si la romance était interdite à ceux qui n'en peuvent payer le prix. Parce que c'est un jeu couteux.
Toute romance déboucherait sur un échec ?
Commentaires
Ah zut, finirai-je par me plaindre auprès d'over-bug ?.. Je ne reçois plus qu'une fois sur trois vos parutions...
Beau portrait en un superbe médaillon.
Je le crois (pour l'avoir vécu, en masculin), le propre d'une "romance" est la finition par un échec, comme d'évoquer la fulgurance des coups de foudre, ou des historiettes d'été... Je songe aussi à la Grande Catherine, et son Cabinet d' éros derrière une cloison bien gardée, je crois me souvenir, la rangeriez-vous aussi en " Sissi" ?..
Soir trébouliste dans le vent frais, fenêtre entrebâillée sur la nuit d'ébène, rien d'étoilé, cette fois... Pas même une apparition de la Bergère céleste !