posté le 09-11-2010 à 13:49:50
L'extase des sens.
Elle était "la divine" pour ses amis et admirateurs, à en croire les dédicaces apposées sur leurs ouvrages qu'on a retrouvé dans sa bibliothèque et qui ont fait l'objet d'une vente publique après sa mort. D'identiques formules apparaissent, témoignant d'une "profonde admiration" et de "ferveur", de "dévotion", Henry Becque allant jusqu'à lui décerner un titre "d'impératrice" (de pure fantaisie) et d'Annunzio, dont le verbe avait l'éclat tapageur en écho à sa propre vie, constituée par une série d'attitudes, hausse le ton jusqu'à la qualifier "la divine".
Ainsi dotée d'un palmarès d'adoration, Sarah Bernhard va traverser son siècle entre afféterie et pâmoison, extravagances et déclamations. Portant l'amour sur scène avec une fougue si entière, si ostentatoire, si appuyée, qu'elle entraîne les foules bien qu'elle ne soit qu'un tic de comédienne, une vue de l'esprit. Ne pouvant exister que manifesté dans l'épanchement gestuel, une théâtralité satisfaite, exagérée et frappée du sceau fastueux de l'emphase poétique.
Elle se compose une silhouette conforme à son rôle, tour à tour hiératique et "modern style", avec Mucha, alanguie et fatale avec Georges Clairin (qui fut aussi son amant).
L'importante iconographie qu'elle a inspirée, offre les multiples facettes de la féminité telle que la voulait la société "fin de siècle", à la fois conventionnelle et dépravée. En position ambiguë parce qu'elle règne sur le monde du théâtre qui est l'antichambre et parfois l'alibi de la galanterie (que de cocottes y font leurs débuts), et qu'elle mène une vie fastueuse comme une femme entretenue, mais qu'elle impose aussi un réel talent qui l'arrache au servage de l'alcôve.
Galante, elle ne le sera pas par nécessité, son talent suffisant pour l'imposer, mais par une passion mal contenue de sens, fut-elle de l'ordre de l'esprit surchauffé par le goût de l'extase et le culte de toutes les sensations.
Dictionnaire de La femme flambée.
Commentaires
Vue son île depuis un bateau qui zigzaguait entre les autres du Golfe du Morbihan, toute à son style "théâtral"...et mystérieux...
comme théâtral-et-mystérieux le détour pour venir jusqu'à vous, maintenant, Overblog défaillant... Du Sorel-Bel' Art, en quelque sorte.