Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 12-11-2010 à 14:44:00
Croquis parisien sur les traces de Lautréamont
Croquis parisien.
Valentin s'est installé au café Bréant à l'angle du Boulevard et du faubourg Montmartre. Il va secouer l'arbre aux souvenirs et sortir les fantômes. La café Bréant, c'était le lieu de réunion de tous ceux qui, autour de Flaubert, faisaient assaut d'esprit, de Tourgueniev à Sainte-Beuve en passant par cette peste de Goncourt à la plume venimeuse.
A ses côtés une dame d'un certain âge (où situer la certitude de l'âge ?) compulse avec nervosité un guide de Paris et semble s'égarer dans les pages.
Venue de loin ? Une supposition ? C'est d'une sous-préfecture fière de sa cathédrale (choeur roman, nef gothique) qu'elle s'est octroyé un séjour dans la capitale, avec la bénédiction du mari (notaire, médecin, quelque chose qui tient de ce qu'on appelait autrefois les notables) trop heureux d'avoir, le temps de son absence, les coudées franches pour revoir les copains, peut-être ébaucher quelque marivaudage avec une jeune personne qui aura retenu son attention, (rêvons !).
C'est dans les sous préfecture que se concoctent les meilleures des intrigues qui, autrefois, inspiraient les François Mauriac, et des rangées entières de romanciers faisant vibrer la corde des sentiments à l'ombre des clochers.
Elle regarde autour d'elle. Saisissant la bruit qui vient, par vagues, à la poussée de la porte galonnée de cuivre sur laquelle il est inscrit, comme une invite, Café, bières, portos, et qu'un poivrot pittoresque se plaît à ouvrir avec une gestuelle de grande cour aux consommateurs assez distraits pour ne pas s'en étonner.
C'est une petite tranche de vie urbaine, comme Valentin les aime, et qui le distrait de sa tâche, car il est venu, là, soit-disant, pour écrire.
Il a ouvert son cahier à la page consacrée aux derniers jours de Lautréamont dont il a surtout retenu qu'il les a vécus dans la plus grande solitude. Découvert mort dans sa chambre par un garçon d'étage, à quelques pas d'ici, dans un hôtel de seconde zone, de ceux qu'aiment les égarés dans la ville et qui y posent leurs valises le temps de leur séjour. Les automobiles d'aujourd'hui envahissent ce qui fut l'espace de ses errances habitées de fantômes assez étranges pour se transformer en bestiaire abominable. Mais, à y bien réfléchir, ces passants affairés ne sont-ce pas les animaux d'un bestiaire urbain qui cherche son nouveau Lautréamont !
Commentaires
Avec cela, je sais la chose ; si mon souffle vous dit , le projet "à quatre mains" me serait d'un remarquable bonheur, d'apporter mienne inspiration à vôtre - qui médite -, mon temps ici s'aplanit, mon temps de créativité, une vie sans plus ; l'idée me booste rien qu'en rêve..! et "ma poppins" y verrait bien pour moi, aussi... , qui m'invite au Flore, virtuellement à cette heure !..
L'inspiration n'est pas au rendez vous. mais je n'ai pas de Mary Poppins...
"la peste de Goncourt" convient parfaitement à ce Houel-Beurk 2010 !
.... en "croquis parisien", ma correspondante me maila qu'elle allait au marché Saint-sulpice chercher son pain aux noix, des fleurs et des fruits, vetue à la Mary Poppins... Curieux tableau magique en mon Par Ys bruineux !..
Et, votre l'autre-et amont, a-t-il pris l'ampleur qui lui convient, à l'inspiration ravie ?... Bon samedi.