Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 04-12-2010 à 11:14:50
Les poètes du Passage Pommeraye.
Jacques Demy en a fait le décor d'un de ses films, André Pieyre de Mandiargues à qui rien n'échappe qui ressort du merveilleux, de l'insolite ou du mystérieux, lui a consacré quelques pages ardentes. Le Passage Pommeraye est entré dans la mythologie des lieux d'attraction comme seul le surréalisme a su les sortir de la banalité et du strict usage pratique auquel on les avait condamnés.
Sa fonction même le tire vers une façon insolite de cheminer dans la ville. Tout passage a une vocation qui dépasse celle que l'urbaniste lui aura attribué.
Il isole plus qu'il conduit. Enferme plus qu'il abrège la marche de celui qui en use comme d'un simple raccourcis. Loin de l'être, il est un piège pour celui qui s'y attardera, saisi par la beauté qu'il dispense (mais l'esthétique du lieu est donnée en plus).
N'y avait-on pas situé (la presse locale en fait mention) l'endroit de quelques enlèvement de "jeunes filles", négligeant qu'elle furent peut-être happées par leur propre imaginaire dont il enrichit fortement le développement.
Tout passage (la magie des mots qui se rencontrent ! ) à Nantes y conduit, comme le prolongement de cette quête que ne manque pas de faire celui qui s'y rend en songeant à Camille Bryen, jeune télégraphiste jetant dans les canaux (aujourd'hui disparus) les plis dont il avait la charge ; en se souvenant que Jacques Vaché y avait éveillé à de nouvelles visées poétiques le jeune André Breton, à peine médecin, mais déjà militaire, et se préparant à être poète ; plus proche de nous, alors que la France ployait sous le joug de l'occupant, un jeune libraire du nom de Michel Manoll découvrait un autre jeune, enseignant, et démangé par le charme des mots dont il allait devenir (trop brièvement) le plus inspiré des jardiniers : René Guy Cadou. Tous, sans nul doute, y furent, le temps d'une promenade, le pas soudain plus lourd, plus méditatif sur les marches du légendaire escalier bordé de ses statues.
Commentaires
Vous avez sans aucun doute retenu que j'ai vécu trois mois à Bougenais-les-Couets, entre Nantes et Rezé, qu'avec le beau Tramway j'y allais, en ville, pour ....flâner longtemps en ce Passage réputé... J'avais quasi le nez collé sur la vitrine des bouquinistes... Quelqu'un m'y voyant dût en rire, sûrement.... J'ai dépensé follement en des achats précieux... Je pouvais atteindre les mille francs de l'époque... Fou, non ? NON : amoureux des belles choses...Alors, je soupire d'aise à ce temps-là, vers 1993..je crois, non un peu avant.... AH Le temps, le temps immobile qui passe....Passage autre.
Un petit éditeur Nantais n'a pas répondu à l'envoi d'un manuscrit dèbut 2000... Je songeais y revenir... Peine perdue.
Là, le ciel douarneniste-trébouliste est passé à la tombée du soir violacé...