Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 07-12-2010 à 10:23:37
Picabia fait le grand écart.
Picabia fait le grand écart.
Quand Picasso passe d'un style à un autre, il poursuit une idée, s'enfonce dans le tumultueux questionnement auquel il soumet la peinture. On en voit les éclats, on en perçoit la souffrance. Il y a de l'agressivité du conquérant. De la verve hautaine et du défi qui en dit long sur l'état de décomposition de la peinture depuis le XX° siècle.
Résister relève, soit d'un courage aveugle, soit d'une volonté de ne pas se jeter dans la mêlée. On peut d'ailleurs apprécier cette indifférence devant la marche des idées et s'en tenir à son propre domaine, souvent intime.
Picabia, contemporain de Picasso, fait, lui, le grand écart entre l'abstraction la plus résolue et la figuration la plus conventionnelle. Mettant une pointe de provocation dans les deux.
Nul doute qu'il est (avec Mondrian, Kandinsky, Robert Delaunay, Malevitch) l'un des "inventeurs" de l'abstraction, l'un de ceux qui ont conduit la peinture au coeur même de ses moyens, de ses limites.
Un esprit frondeur le fait aller du côté de Dada où il se jette à corps perdu, avec une volonté farouche de défier les bonnes manières bourgeoises de penser, de représenter le monde. Un bourgeois, seul, pouvait choisir une options qui reste confortable quand elle n'empêche pas d'éventuels replis. On a vu dans la période figurative des années 40 (alors qu'il peint volontiers des scènes un peu "osées" pour complaire à une clientèle mondaine qu'il fréquentait) un retrait, sinon un reniement de ses audaces du début du siècle. Mais Pierre-André Benoit, l'éditeur qui le redécouvre dans les années 50, pratiquement oublié de tous, insuffle un nouvel élan "abstrait". Il reprend alors sa place de pionnier de l'abstraction, et les scènes légèrement érotiques qu'il se plaisait à composer quelques années avant entrent dans l'Histoire. La sienne et celle de l'art qui étale alors ses confusions, un état de crise dont il ne pouvait que se réjouir.
Commentaires
Le Fauve Orphique demande parfois son décodeur...
Toutes ses provocations ne furent-elles celles d'un esprit déconneur ?
N' est pas Dada sans nihilisme destructeur...
(votre billet fut quelque peu surréaliste, passé à la trappe, il apparaît ce soir ; avant j'avais : page inconnue.... Rigolo l'art via Over-bug !)