posté le 13-12-2010 à 16:11:23
Rochegrosse l'histoire à l'Opéra.
Venue de l'Opéra, de ses splendeurs barbares pour dire l'Histoire sur une scène, la peinture va déployer la vaste panoplie de ses armures clinquantes, de ses extravagances gestuelles, de ses nudités morbides. Elle se fait déclamatoire, ampoulée et bizarre comme des rêves malsains, une dimension de théâtralité où elle fait passer sa passion pour le sang, les cris et les larmes. On va fouiller nerveusement dans les textes antiques, reconstruire le décor de villes fabuleuses, réinventant Babylone et Troie, Mycènes et Sparte la guerrière. Les femmes apostrophent les hommes, les poussent au combat, poitrail offert, mêlant exotisme et meurtre, érotisme et passion pour réécrire l'Histoire échevelée et dépravée.
On y célèbre les grandes prêtresses de la mort, chez les Atrides (une sinistre histoire de famille) ou dans Troie assiégée.
Le rideau s'ouvre sur les pages les plus sanglantes, les plus lascives, les plus corrompues. C'est une Antiquité baignée de sang et de vices, de clameurs et de sombres vengeances. Rochegrosse y brille pas l'ampleur de ses mises en scène, le déploiement des costumes et des nudités, la véhémence des situations.
Il n'y manque que la musique. Un cousin de Wagner ferait l'affaire.