posté le 17-12-2010 à 10:25:45
Schwitters le collage volubile.
Le collage volubile.
La pratique du collage (de Braque à Sophie Arp en passant par Georges Grosz) épuise les ressources du support papier, ne se risquant qu'occasionnellement vers le relief. Celui-ci dépendant de l'apport des matériaux qui entrent dans la composition de l'oeuvre.
Avec Kurt Schwitters le pas est franchi. Il aboutira aux combine-painting des "néo dada" américains comme Rauschenberg.
Le collage pour Schwitters est peut-être une sorte de journal intime, le développement de ces recueils de menues choses glanées, collées sur un cahier et qui constituent un souvenir matérialisé par ce qui n'est que détritus et qui scandent notre quotidien, surtout dans le rythme du voyage, ou d'un simple déplacement comme celui qui l'on fait au quotidien.
D'où cette mise en valeur des miettes comme tickets de métro (ou d'autobus), papiers d'ordinaire destinés à la poubelle, et, par extension, des brindilles d'objets au rebut ramassés et assemblés "d'harmonieuse manière".
Quand le collage de Max Ernst joue d'associations d'images, souvent d'une simple redistribution de ses détails, d'une sorte de perturbation de sa logique narrative pour inventer une nouvelle narration, celui de Schwitters revendique une forte présence plastique. Il n'est narratif qu'au second degré en dépit de cette sorte de volubilité qui est celle de la forme. Celle-ci ayant trouvé une nouvelle fonction par un jeu d'associations, additions, accumulations, une sorte d'overdose de la miette du réel qui y rejoint la magie de l'insolite, une sorte de grâce totalement détachée de sa réalité matérielle.
Moins qu'une mise en accusation de l'objet de consommation (ce que sera le pop-art et le nouveau réalisme), c'est une sorte de langage rêvé, malicieux, parfois mélancolique. Toute la gamme des sensations qui l'ont justifié.
Commentaires
que ne suis-je déchiffreur ! je pense à Edgar Poe qui avait sans doute des idées là dessus. Mais le jeu vaut la peine de se poursuivre. Une correspondance chiffrée c'est peut-être un art à cultiver.
Très joli "collage" (Papier collé inventé par Braque en 1912, si je ne m'abuse !..Lequel influença Picasso. Lesquels ont selon moi inspiré Perros pour titré ses 3 volumes de "Papiers collés"..Les récupérations artistiques d'autres récupérations matérielles font ainsi des compositions étalées dans le temps de 1912 au Pop Art, comme vous dîtes...(ou même, nos blogs qui sont des fenêtres collées, non ?) Un procédé de "Ou bien...ou bien" à la Max ernst, aussi... Le ciel est Mallarméen ici aussi, très lumineux entrecoupé d'averses de poudreuse...Perros des collés, ou maxime décollée Perrosienne : "Un bout de ciel détaché qui vous prend le coeur en écharpe"... Oui, aussi, quel message "chiffré" dois-je déchiffrer dans la carte-poème de Paris de "ma" Poppins ?...