Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 20-12-2010 à 15:58:41
Mathias Braun en forêt.
La légende antique veut que les dieux en courroux transformaient en arbres leurs victimes. Comment ne pas imaginer, allant en forêt, croiser quelques humains édifiés en bruissants halliers dont on devine le murmure et les plaintes quand le vent joue dans leurs feuillages.
En retour, des artistes ont sculpté les pierres enchâssées dans le sol, créant des figures mythiques, dieux effondrés, chus de l'Olympe ou saints abandonnés à leurs supplices.
Elsa Triolet, se promenant dans la forêt de Kuks (aux environs de Prague), a rencontré ceux qu'avait imaginé Mathias Braun.
Mais le temps a fait son ouvrage. "... d'autres ermites nous attendaient, à l'entrée de leurs grottes, géants nus, pliés en quatre, barbe et chevelure tombant en volutes sur le crâne qu'ils tenaient à la main comme un ballon, nobles proies du temps qui les sculptaient lentement et autrement que la main de l'homme afin de les englober à nouveau dan la nature."
Homme voulus par l'imagination du sculpteur et rendus semblable à la bête inquiétante qui veille au seuil des temples sacrés. Figures à moitiés effacées et rendues à leurs origines minérales.
Telle cette Marie Madeleine couchée sur le sol. Le visage qui est déjà celui du cadavre sur lequel les stigmates de la mort font leur travail, mordu jusqu'à le rendre informe. En surface du sol les métamorphoses qui s'exercent dans l'intimité des profondeurs, reconduisant le corps à ses origines.