Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 31-12-2010 à 11:15:43
Elsa Triolet sur le Pont des Arts.
Je la revois, noiraude, tassée dans ses châles, avec quelque chose des vieilles paysannes qui viellent un mort en Corse, ou des pleureuses antiques. Appuyée contre la cheminée dans ce logis haut perché où avec Aragon elle menait, tenace, une entreprise littéraire qui aura accès au succès grâce à son compagnon.
Elsa Triolet se laisse aller à des confidences, elle aura traversé le vie d'Aragon comme une tenace ouvrière de la littérature, pour créer ces fameuses oeuvres parallèles qui ne prouvent rien, l'apport d'Aragon passant par l'insolence, le brio, la provocation et la volonté de refaire une immense saga de la société où il piaffe, même âgé, comme un adolescent trop doué.
Elsa Triolet donc, s'aventurant dans une sorte de roman à plusieurs voix qui dessinent une femme certainement pas à sa ressemblance mais crédible, quoique conventionnelle, entre célébrité et clochardisation.
C'est "Ecoutez voir".
L'idée qui mène le courant des mots, c'est de se glisser dans la proposition des illustrations qui précèdent le texte (Hans-Baldung Green, Gustave Doré, Max Ernst, Man Ray, Caravage, Donatello, André Masson, Jérôme Bosch, Memling, Soutine, Lorenzetti, Carpaccio).
Un procédé éminemment séduisant, auquel chacun peut se livrer, l'histoire ayant ainsi une double vie, la visuelle cognant sur celle que les mots cernent, encore qu'ici le verbe soit souvent banalisé (volontairement ?) et sans aucun effet de style sinon d'un usage courant.
On s'y promène dans Paris avec une longue station sur le Pont des Arts, ce souk des sans abris, des errants et des dessinateurs de trottoir.
Commentaires
ah zut, j'ai oublié le pain !... passé devant la boulangerie... tant pis !!
ah merci, puisque c'est l'heure des bilans, vous me permettez ainsi de dire qu'à la découverte (heureuse !) de votre blog, je n'osais pas trop répondre, je lisais, c'est tout, puis de petit commentaire en petit commentaire à la Poucet, je fis "salon Sorel"..., ce qui me donna plus d'estime de moi, ici perdu en Trébouldingue..., tout solo, là , tout solo !.Jusqu'à vous placer maintenant en dédicace d'un de mes livres (à paraître ; la maternité belge est "fermée" pour l'heure), à me dire "positif" ce bilan blogiste (ça se dit ce vilain néologisme ? Non ! Je l'invente ...) pas très reluisant de mon côté, sauf vos passages. Suite à quoi, oui, le "journal" s'est naturellement imposé de lui-même, en catimini, cultura animi...Il m'évita aussi de m'en tenir un à la Gide, de mon côté (force carnets intimes jetés auparavant). Pour la féroce ennemie, enfin "la senestre" , oui, elle écrit comme un accroc de 200 Frs...ou comme un gant, puisque née Kagan..., toutefois soutenue , nourrie logée par Denoël qui fut assassiné en 1945 (vous sûtes qui et pourquoi , au fait ?), lequel publia son "cheval blanc" quand elle connut Aragon à l' Istria (mais vous savez, suis-je sot)...Je ne l'ai pas trop lue , ensuite, faisant mon "paysan de paris"...ou plutôt mon "Aurélien"...alors je crois que c'est Aragon qui l'empêcha de penser juste afin d'écrire bien... L'âme est un violon qu'il faut accorder à son coeur, pour jouer la Symphonie de la Vie, en alliance avec l'amour du bien écrire, si on est écrivain, du bien sculpter, si on est issu de la main de Michel-Ange, du magnifiquement peint, si on recherche La lumière dans la nuit des temps post-modernes, actuels, quoi : la toile (là où nous sommes, sans-visage comme la "mort", curieux non, je crois que les défunts communiquent ainsi avec le fil invisible, sans se voir : clic-clic clac-clac, m'entends-tu, je te vois sans te voir, clic-clic, voilà, nous sommes connectés par-delà l'univers...allume ton étoile !...que nous, terriens, pauvres humains captons...)... Je fus heureux en votre Salon "de campagne"...De bien étranges et mirifiques vrais "vivants" y surgirent même ! Donc oui, la Triolet ne fut guère inspirée par ses proches amis pourtant poètes ou peintres, Maïakovski, Picabia, Duchamp, j'en passe et des meilleurs, tel encore Man Ray....et..vous alors ! Quelle chance tout de même.. Car c'est mieux que "l'incipit Hitler" pour ce brillant Zweig (je lisais dans le bus, m'amenant sur quimper, ce matin, "brûlant secret" - chut ! n'en dîtes rien...) Maintenant, je vais me cuire mon boudin blanc truffé avec des lentilles, ben pourquoi pas, après ma tranche de galantine de sanglier...Tout à l'eau plate, abstème suis-je... Bon réveillon à vous....De vous lire d'ici ...demain , peut-être (si mon ordi veut bien, que j'ai réparé avec un ...trombone d'ange...)C'est la nuit noire, aucun bruit, tout est calme, et Dieu dort... L'humanité le réveillera de ses cris , à Minuit, l' idiote !..
J'aime bien ce journal de votre quotidien.Il est plutôt savoureux. Oui j'avais rencontré la sinistre Elsa Triolet rue de Varenne dans le bel apparement qu'elle avait avec Aragon, dans un hôtel particulier du XVIII°, c'était pour l'ORTF quand j'y travaillais. Une interview dont j'ai par ailleurs tout oublié. Franchement elle écrit comme un cochon non ?
Fitchre ! Vous l'avez rencontrée aussi !.. J'aimais lire pourtant "les yeux d'Elsa", à voix haute, qui plus est... J'aimais bien le feutre d'aragon... Vous m'en évoquez un autre écho...à quoi j'adhère à demi, via le "côté d'adolescent surdoué", il aimait en cachette les petits garçons , Cocteau avait plus d'allant assumé, de ce côté (je n'apprécie pas son époque peu glorieuse durant la guerre, par contre)...L' "écoutez voir" prélude -t-il le donner - à - voir d' Eluard ?
Je viens de me promener en long loden gris par les quais de l'Odet, sortant du restaurant le Café de l' épée, songeant ainsi à Max Jacob (pour l'anecdote, je lisais aussi en salle de silence, dans la cathédrale St Corentin quand les lampes s'éteignent, et, avec deux autres hommes, y fus "enfermé" à l'intérieur, le temps de nous trouver l'issue par une porte dérobée ! il était midi passé,... Amusant, non ?.. Comme les autres avaient le visage qui blanchissait, je le leur dis : rassurez-vous, nous sommes en bonne demeure, nous ne sommes pas perdus !.. On nous ouvrira !..(ils m'ont souri...) Bien à vous sous le ciel grisonnant de la capitale de Cornouaille, depuis la médiathèque, à l'instant !.. Je compte envoyer mon manuscrit--papier à Pierre Dhainaut, la semaine prochaine, il n'est pas encore au fait des trois dédicataires...