Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 01-01-2011 à 16:13:16
La Villa d'Hadrien, la mémoire perdue.
Cela commence comme la rencontre du jour qui pointe ses lueurs fauves sur Rome toute bruissant des sonnailles de la première messe. La voiture tressaute sur les dalles de la Via Appia. Chaque tombe est une Histoire intime.
Un brin de campagne et c'est le long mur qui cerne le territoire de la Villa d'Hadrien. L'ayant franchi, il y a encore de longues distances sur des pelouses à l'herbe rase et l'inquiétude de s'être trompé de destination. Et puis, surgissant d'entre les pins parasols, une perspective de colonnes cernant un basin. On est bien au coeur de la Villa. L'instant est sublime. Un point ultime dans l'amour du partage quand un être aimé participe à la découverte.
Elle est de celle qu'on ne peut faire sans y rejoindre le coeur qui bat au rythme du votre et dont le regard croise celui de votre âme émerveillée.
Pierres en désordre sur le sol, car c'est l'état de ruine qui prévaut, coins plus secrets, et rares passants qui ont des allures de fantômes (on en voit, du genre anglais qui fait son "grand tour", et accroupi, dessinant avec un sorte de saveur intime, ces ruines qui lui parlent d'une légende), et la pose, d'usage, devant tant de beauté livrée aux caprices de la nature.
On aura subtilisé à une muraille moussue, une pierre taillée en forme de pavé, que précieusement on aura gardé "en souvenir".
Lourd à la main, de grès gris foncé et comme taillé en biseau sur le côté, elle ira parmi les livres jetés au hasard sur les rayonnage de la bibliothèque comme un trophée d'une chasse superbe dans le vaste espace du temps conquis de haute lutte.
Conquérir le temps, ce fut une illusion passagère. Il a construit ses sombres murailles au cours des ans, creusant de plus en plus un fossé où est tombée la pierre qui était celle d'un miracle : celui d'un instant.
Tout comme la Villa d'Hadrien, marbres et pierres mêlés s'enfonce dans la moiteur du temps qui détruit jusqu'à sa mémoire.
Commentaires
Ah bien, "cela commence" par un bug, je ne l'ai pas reçu, cet article qui me fait aussitôt songé aux deux académiciennes qui se côtoient désormais sous la Coupole Céleste, Marguerite Yourcenar (que j'appelais Marguerite du Crayon-Court) et sa consoeur, Jacqueline de Romilly (que je surnommais Jacqueline de Rome-Ici...), les latins-grecs s'amusent dans les ruines de notre pauvre langue française, ne trouvez-vous guère ?..Ils ont trucidé Thucydide et massacré Mozart, ah bon sang, quelle dés-humanité, vraiment (déjà un attentat, en plus, en ce second Jour, devant une église d'Alexandrie....Oui, "ça commence bien" ! Le monde part à sa "ruine", s'il ne l'ait déjà en pure perte... Cultura animi prévaut pour moi, d'où mon Jardin Spirituel que je sculpte à l'intérieur de moi ; ici, n'entre pas la violence. ) Léger crachin sur la baie de Douarnenez.