VEF Blog

Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 10-01-2011 à 09:43:33

Flaubert rature.

Flaubert rature. L'écriture c'est sa souffrance, son calvaire. Le résultat tend à la perfection. Alors, quand on pénètre dans son champ d'exploration, on se prend les yeux sur des ratures, comme le marcheur dans un champ labouré.
Déchiffrer les ratures c'est entrer dans le vif de la conscience de celui qui s'y soumet au doute, combattant les erreurs, accumulant les recherches, niant au final le tout pour repartir sur une autre piste.
Faut-il admirer celui qui écrit d'un premier jet, avance comme finalisé ce qui était le premier état de sa pensée. Ou, au contraire, admirer celui qui revient sans cesse sur la forme. On peut voir, chez le peintre (le dessinateur), l'aveu des incertitudes et parfois même il va en jouer. Son oeuvre est un champ de bataille. On y dénombre les victimes, y découvre les divers assauts qui, additionnés, font l'oeuvre.
Aujourd'hui on est sensible à ces étapes intermédiaires, à cet espace de recherche. On va jusqu'à exposer les brouillons.
Chez l'écrivain le brouillon reste caché, inconnu (sauf des spécialistes), non qu'on en est honte mais on veut offrir un "produit fini", estampillé du talent que l'on accorde au signataire.
Sera d'autant plus précieuse la connaissance de ces étapes douloureuses, où l'on voit monter, comme des profondeurs d'une pensée à vif, les diverses versions (tentatives) de la formulation à terme choisie comme étant la plus appropriée à répondre aux intentions de l'auteur.

 

Commentaires

saintsonge le 10-01-2011 à 10:07:38
Bienheureux retour, après que Vefblog vous ait "raturé"... J'ai toujours appelé biffures, les "ratures" - chaos, masse informe, l'Univers de la Nature Une de la page, sans Amphitrite, que la mère de Flaubert (toute ma jeunesse, avec son fils spirituel, Maupassant, avec les mots passant, disai-je....) Toutes les métamorphoses d'Ovide dans ce bout de page raturé(e)..., je trouve, un vrai petit tableau aussi ! Vide et plein, à la fois... Non ?....Le ciel est bleu, la lumière faible, mais présent soleil... L'univers évolue comme une page de Flaubert !! Ailleurs, et en Finis-terrae !