Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 11-01-2011 à 21:53:56
Paul Delvaux croise Zola.
Avant d'en donner une vision théâtrale, puisant dans son imaginaire et une mise en scène érotisée, Paul Delvaux a peint la gare dans sa stricte réalité et un brin de misérabilisme, soulignant son caractère halluciné où le travail de l'homme y est dans sa plus radicale pénibilité. On est pas loin de Zola.
Mais le réalisme, sous le regard de ceux qui savent le "transcender", n'est jamais tout à fait innocent sur la toile. On y glisse vers des zones d'émotion (voire de réflexion) qui sont du ressort de l'art.
Monet tirait la gare vers la dilution de la lumière, Delvaux la transpose dans une scène aux multiples énergies qui se croisent, et une sorte de vaste frisson de l'espace en dépit de la pesanteur du sujet, des éléments qui le composent.
De la plus directe réalité il fait une "vision" qui a là des allures typiquement nordiques, on y retrouve le caractère si prenant de la poésie d'Emil Verhaeren (Villes hallucinées).
Quand on sait que le poète est mort, justement, écrasé par un train à Rouen, en 1916, on peut suggérer que cette composition est un peu en son hommage.