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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 24-01-2011 à 14:13:57

Chez madame Lambert.

Il était de ces enfants de bourgeois (dans le commerce) qui brillaient dans les salons avant la grande rumeur révolutionnaire qui allait les rayer de la carte alors qu'ils la préparaient par la liberté de ton qu'on s'y octroyer au nom de l'esprit.
Il en avait autant que son ami Fontenelle, mais plus galant et porté à la futilité du spectacle, surtout quand il se donnait sur la scène (l'Opéra). Ne lui doit-on pas "l'Europe Galante", et des  ballets mis en musique par Campra ou Marin Marais.
Dans le salon de la savante madame Lambert (qui ne faisait pas un usage abusif de sa particule) il rencontre Anne Dacier qui venait de traduire Homère. Lui qui ne connaissait par la grec adapte l'Iliade en supprimant ce qu'il estime être des longueurs, des répétitions et jusqu'à la grossièreté des personnages "J'ai pris la liberté de changer ce que je trouvais de désagréable"....  C'est, en somme, Homère en abrégé, on dirait aujourd'hui en condensé.
Beau parleur, La Motte fréquente les cafés à la mode, dont le Procope.
Le piéton qui erre du côté de la rue de Richelieu, et aura la nostalgie de ce qu'était la Bibliothèque Nationale avant son transfert à la Bibliothèque Mitterrand (j'en suis)
iront musarder dans l'étroite rue Colbert (elle rejoint la rue Vivienne chère à Lautréamont). Un départ d'arche sur la rue signale ce qui fut le salon de madame Lambert où La Motte brillait. Ecoutons les auteurs de ce précieux petit essai sur les "Salons du XVIII°" : " (Madame Lambert) habitait l'hôtel de Nevers qui avait fait partie de l'hôtel Mazarin, aujourd'hui la Bibliothèque Nationale, et que venait de séparer la rue Colbert. La pièce de réception aménagée par madame de Lambert était construire sur l'arcade qui enjambait la rue ; de cette arcade il ne reste plus que l'amorce, et de la pièce même, une moitié seulement ; mais, tel quel, ce fragment constitue le seul cadre authentique, visible encore aujourd'hui, d'un des grands salons du siècle."
La Motte devenu aveugle, toujours galant, minaude avec l'insupportable duchesse du Maine (femme d'un bâtard de Louis XIV). Jusque sur son lit de mort il joue la comédie.