Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 02-02-2011 à 11:24:03
Delacroix au Luxembourg.
Venait-il entre deux séances de peinture à l'église Saint Sulpice (dont on perçoit la silhouette au terme de la rue Servandoni), quittant le Combat de Jacob avec l'Ange pour musarder dans les allées où le bourgeois du quartier se donne des airs de provincial, alors que la rumeur de Paris encercle les joueurs d'échecs qui ignorent le temps quand le temps le permet.
Le jardin du Luxembourg tient du square de quartier, avec ses habitués. Gide, en sa jeunesse, portant cape et chapeau à bord plat, y cherchait son Nathanaël, ou les jeunes pervers des Faux-monnayeurs tout en draguant les jeunes éphèbes de l'Ecole Alsacienne.
Delacroix donc, secret, tout entier dans son sujet, non sans noter le rythme des saisons qui fait vibrer le jardin comme un être vivant. On le voit des salles du Palais (la bilbliothèque) où il travaille à une tempétueuse décoration. Peut-être transporte-il avec lui, jusque dans ses pérégrinations champêtres, ses rêves d'Orient et de splendeurs mythologiques. Il se sera arrêté, un moment, au bord d'une allée, et donné du relief à ses rêves. Sinon qu'un autre (le sculpteur Dalou) se sera empressé de leur offrir une réalité un peu affolée, bien étrangère aux promeneurs d'aujourd'hui qui regardent ce groupe échevelé comme une simple borne, sans toujours savoir quel en est le thème. Des gamins s'en servent comme point de ralliement, jetant en vrac leurs cartables dans les fourrés, et qui vont, à quelques pas de là, improviser (bien que ce soit interdit), une partie de foot-ball dont ils inventent les règles. Ce sont toujours des rêves qui se fondent dans le bronze et s'offrent aux caprices des pigeons.
Commentaires
pauvre Jules Dalou, complètement effacé par l'écrasante notoriété de Rodin, cet ami qui lui a fait de l'ombre. Pourtant il se débrouillait pas mal, non ?
A voir dans le même jardin Le Triomphe de Silène par le même sculpteur.