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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 08-02-2011 à 16:51:34

Miro-Eluard, la danse des mots.

En quoi l'art contemporain, surtout quand il est "activé" par la   complicité de la poésie, se distingue-t-il fondamentalement de  celui qui, juste le précède et revendique lui aussi ce rapprochement avec les mots. Soit pour les compléter, dialoguer avec eux, exalter leurs forces cachées.
La liberté d'écriture, la vivacité de ton, l'audace dans la conquête de l'espace en constituent quelques uns des traits qui l'annoncent, l'imposent et lui donnent cette vitalité que suivra une remise en question radicale de ses effets.
Comme si, à l'énergie qui commence avec le futurisme, brûle de tous ses feux avec le surréalisme et émerge, tout naturellement, sur le rôle prépondérant de l'écriture, elle-même devenue signe d'art (Olivier Debré en fera une théorie tout en optant pour d'autres figures de style), on ne pouvait que revenir à la culture de l'objet pour lui-même.
 Miro, venu de la plus exacte représentation des choses du réel ("La ferme"), va s'élancer avec plus d'enthousiasme que de réflexion (la mise en pratique d'une théorie), dans l'exploration du geste réduit à sa plus simple expression. Frôlant même, parfois, la brutalité et la suavité de l'art brut (sans culture que celle d'un rapport très personnel, et souvent obsessionnel, avec des fantasmes particuliers). encore que Miro détient la particularité d'une sorte d'élégance naturelle à économiser ses effets tout en donnant tout son sens au trait dans son premier jet.
Sensible, plus que tout autre, à cette approche "sans filet" de la surface du papier que lui même occupe avec le pouvoir des mots (il aime les calligraphier), Paul Eluard ne pouvait qu'être amené à collaborer avec lui. Ce sont alors des pages d'une étonnante fraîcheur où règne l'esprit de la lettre dans ses rythmes de danse, sa joyeuse conquête. Même les personnages qui, d'occasion, y naissent, furtivement, ont cette allure narquoise et d'une théâtralité qui tient de la culture de guignol. Alfred Jarry n'est pas loin.

 

Commentaires

saintsonge le 12-02-2011 à 07:13:33
J'ajoute en ce matin que j'avais omis de vous spécifier qu'en exergue de mon livre à paraître j'ai justement choisi un poème d'Eluard !!!
Saintsonge le 08-02-2011 à 21:52:44
Tout ce qui paraît enfantin dans l'art ne l'est point. J'adorerai toujours Miro / Eluard / Car c'est faire la synthèse du monde autour de soi "comme point de départ, jamais comme aboutissant", et d'obtenir Miro , je joue encore aux "six patiences".... On joue, monsieur Sorel, on joue ?... Le monde est si brutal ! Et, de ne vieillir jamais... Voyez, jouer, c'est vivre mieux , avec sérénité pour point de départ ... On joue, monsieur mon ami, on joue ?