Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 11-02-2011 à 10:33:37
Thomas de Quincey et la psychanalyse.
D'emblée il faut l'admettre : il n'est pas à sa place. Thomas de Quincey restait pour le public l'auteur des "Confession d'un mangeur d'opium", et l'amoureux de la petite vagabonde qui traverse l'ouvrage. Il est pourtant un prodigue (presque graphomane) auteur de multiples publications relevant de divers sujets (philosophie, légendes, critiques littéraires). Après une enfance misérable il s'installe dans le voisinage des poètes qu'il admire (Coleridge, Wordsworth) et de retour à Londres collabore à de nombreuses revues.
Provocateur, il publie "L'assassinat considéré comme l'un des beaux-arts". A se demander pourtant si son ouvrage le plus important n'est pas son Autobiographie à laquelle il travaillera pendant une quarantaine d'années, au fil de sa vie mouvementée.
Le résultat : une prose d'une nouveauté inouïe, un récit labyrinthique.
La pensée de Quincey, précisait Baudelaire qui l'admirait, est naturellement en spirale. Sa prose échappe à toute rigueur, cette perspective linéaire qui conduit le récit vers sa finalité. Il s'étend en cours de route sur des sujets qui sont insérés dans le déroulement, musardant dans sa prose comme un promeneur emporté par une histoire que jalonnent de multiples incidentes. Une prose rêveuse, avec la logique du rêve (le rêve a sa logique: c'est errer comme dans un labyrinthe) à quoi s'ajoute des petits bijoux qui s'enchaînent dans un verbe plein de nuances, de trouvailles, de références venues de tous les horizons. Jeux de métaphores, considérations morales ou philosophiques, tout entre dans le déploiement du texte porteur comme autant de chatoiements sur la trame d'un tissu.
C'est une version du soleil noir de la mélancolie (précédent Gérard de Nerval).
Se déverse alors une prose d'une incroyable vélocité, mêlant les métaphores, scrutant les abîmes intérieurs. Ne sont-ce pas les prémisses de la psychanalyse ?
Commentaires
Dix ans de psychanalyse me font vous dire que, oui, nous "goûtons" les eaux glauques de nos "abîmes intérieurs", ah c'est que j'en ai vues, des choses, mon bon monsieur, dedans moi-même, donc, de même pour ce précurseur des catacombes des synapses (ces spirales de la mémoire métaphoriques), sauf le goût macabre et mal placé pour définir l'assassin ' art, je lui dois aussi quelques approches libidineuses et sombres !) Tenez, ce temps venteux est tout pareil dans la grisaille de la matinée chagrinée et blafarde !... Douarn'en - Quincey, tout à trac ! Bons Vents du Vendredi, et des meilleurs, à vous, monsieur mon ami (à qui je dis que mes 1ère et 4ème de couverture sont bouclées, reste le corps-texte à y placer imprimé, mais comment vous prévenir de sa publication prochaine ?... Ici, avec l'adresse de l'éditeur, cela est possible ? Je n'en aurai même pas un exemplaire pour moi, c'est nouveau ça aussi, chez ces messieurs de l'édition moderne ?)