Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 12-02-2011 à 23:02:16
Jean Cocteau et l'étoile du berger.
Qu'on le veuille ou non, et souvent avec un rien d'irritation, car il a trop joué le jeu du poète que l'on sort de sa tanière pour l'exhiber en public, (et que de soirées mondaines, vaines et indignes de sa mission), Jean Cocteau fascine.
Etonne plutôt. En cela il répond à l'injonction de Diagihlev qui lui aurait dit
- Etonne moi.
C'est réussi, mais au prix de quelles compromissions, adhésions à des causes sans poids, des alliances avec des gens sans valeurs, et une exploitation de son talent qui le détruit. Son dessin, si pertinent quand il le veut (et surtout dans les sujets érotiques), perd tout son sel, sa verve, sa vélocité, quand il l'étale sur de grandes surfaces pour complaire à quelques vaniteuses ambitions. Voulait-il concurrencer son ami Picasso ?
On lui reproche la diversité de ses talents (un touche-à-tout) mais quelle facilité pour en tirer toujours une facette de sa mythologie personnelle.
C'est en éliminant beaucoup dans sa large "production" que l'on tire le meilleur. D'où, par exemple, des "morceaux choisis". C'est dans la retenue que souvent un artiste donne le meilleur de lui-même. On dirait que par une propension à se faire reconnaître (mais en raison de quel complexe), Cocteau intervient sur tous les terrains de la création, jouant sur tous les tableaux, jusqu'aux pires. Si bien qu'on l'exploite sans vergogne.
Il s'est créé autour de lui (et dans son souvenir) une sorte de culte un peu surfait ralliant jusqu'à des amateurs qui reconnaissent moins son oeuvre qu'une certaine idée que l'on se fait du personnage.
A une époque où se sera substitué, peu à peu, à l'oeuvre, son créateur (le propre de la dynamique de l'art actuel), il est curieux de voir un poète qui ne l'avait pas lucidement cherché s'y trouver en position d'exemple. Une caricature du rôle joué par l'artiste aujourd'hui.
Sa signature se suffit à elle-même. Celle de Cocteau, résumée en un JEAN triomphant, pointé d'une étoile, devient comme l'étoile du berger, le signal de maintes vocations.
Commentaires
Vrai, sans compter sa période peu glorieuse pendant la guerre, n'est-il pas ?.. Je crois savoir aussi que Picasso ne l'aimait pas, d'où le fait qu'il chercha à le séduire . Les lèvres épaisses de Dargelos sont la signature de Cocteau, je dirai... Son étoile première, avant Radiguet puis Marais.... la grande fille minaudière à ses côtés (lequel acteur ai vu un jour sur un quai de gare parisien ; je ne m'en suis pas approché....)