Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 25-02-2011 à 15:57:00
Unica Zurn, un piège à regards.
Alice a traversé le miroir.
Appliquons sa méthode à une oeuvre d'Unica Zurn.
C'est, généralement, de l'aquarelle. La matière y est légère, et l'eau y a fait ses nappes frémissantes et moirées de toutes les merveilles qu'elle distribue du bout des doigts, qui sont de fée. Une fée inquiète cependant. Portée à dénicher des animaux insolites dans des paysages (inventés) qui ne le sont pas moins.
On y trébuchera sur des aspérités géologiques qui ne sont que de son monde, entre l'espace lunaire et d'étranges labyrinthes de nulle part.
L'important n'est pas là. On y rencontre des regards. Tous les regards qui, comme le notre, ce seront attardés. Et, tombé dans le piège, ayant traversé le miroir qu'est l'aquarelle tissée comme un léger voile flottant sous le vent , et le dessin suspendu dans l'espace du papier, nous sommes comme l'insecte piégé et précipité dans son tourbillon.
Une peinture n'aurait pas rendue possible un tel phénomène, une telle projection dans l'oeuvre. On se serait embourbé dans la matière, alors que l'apport de l'eau y joue la transparence. Elle est flottante dans l'espace, comme un léger rideau sur lequel vient s'imprimer les rêves du peintre, qui y fait couler des images, des frissons, des sensations perçues dans leur plus infime perception. C'est la mise à jour de ce que l'esprit conçoit sans même le vouloir et qui flotte en nous, en notre mémoire. L'oeil est le canal de cette magie intime et fulgurante.
Pratiquant encore plus fréquemment le dessin, elle lui donne cette curieuse apparence de toile d'araignée et notre plongée s'y fait plus rapide encore. On passe de l'autre côté, là où s'agitent les fantasmes d'une femme fragile. C'est une Alice menacée.