Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 28-02-2011 à 10:21:41
Ben annonce le plaisir.
Il avait fait ses débuts, dans les années 1960, au coeur de l'Ecole de Nice (Arman, Martial Raysse) et se distingue alors par la diffusion (excessive et brouillonne) de maximes, phrases provocatrices, dont il ressortait toutefois qu'elles exprimaient une vérité première, une vision plutôt saine, et gaillarde de l'art plongé dans la vie et le quotidien.
Cela plaisait, et Ben deviendra, avec le temps, le pourvoyeur de phrases brèves mais propres à enchanter le consommateur branché. D'artiste d'avant garde il devient complice (?) d'une consommation de luxe, portant ses fameuses phrases sur des objets vendus très chers en des lieux très chics et pour des gens très snobs.
Dans la masse de sa "production" on trouve un lumineux "pour le plaisir" qui ne manque pas de sel quoiqu'il soit un peu paradoxal. Enoncer, annoncer, proclamer, imposer, suggérer la pratique du plaisir (ou sa découverte) comme on annonce l'arrivée du train ou la qualité d'une lessive peut donner l'impression que le plaisir est une nécessité publique, offerte à tous comme n'importe quel produit.
Il y perd beaucoup de son mystère et de sa qualité première. C'est qu'il se cache dans l'inattendu, qu'il n'est pas un produit de consommation mais une approche intime de l'être avec l'émanation d'un autre, d'un objet électif, et qu'il se prend dans l'échange complice et non comme une obligation programmée.