Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 01-03-2011 à 11:24:52
La figure de l'Amour.
Disparu trop jeune, c'était un peintre dans le plein élan de son talent qui fut aventureux et lyriquement inspiré en ses débuts, quand il pratiquait une gestuelle fort libre et savoureuse, manipulant la couleur en draperies légères, avec quelque chose d'une douce et rêveuse sensualité, entre une fine suggestion des éléments et de discrètes allusions réalistes. Il passera bientôt à un tout autre registre, agrandissant, sur la toile la projection d'images empruntées aux livres scolaires et tout spécialement au Petit Larousse illustré dont il se plaisait à mêler des images empruntées et superposées en de nouvelles suggestions qui avaient toujours un caractère autobiographique et traduisaient les rêves et les fantasmes d'un esprit qui avait gardé toute la fraîcheur de son adolescence.
Mais avant, avant, quand il était encore presque un enfant. Non, un adolescent qui avait gardé quelque chose de son enfance. Je le vois encore, au Soleil dans la tête, venant me lire ses derniers poèmes. C'est alors qu'il trouve sa signature et son nom de guerre : Cheval Bertrand. Cheval, me précisait-il, en hommage au Facteur du même nom dont il aimait le Palais, ce rêve réalisé jour après jour, en faisant sa tournée et ramassant les pierres du chemin.
J'aimais et partageais avec Cheval Bertrand cet amour des marginaux qui vont jusqu'au bout de leurs rêves. C'est alors que tout en écrivant des poèmes il commence à peindre. Quoi ? Ce qu'il voit, ce qu'il a autour de lui, les gens qu'il aime. A commencer par sa toute jeune femme. J'ai tout de suite aimé ce portrait où elle est raide et digne comme une figure de Cranach. La fleur qu'elle tient à la main c'est l'offrande de l'amour. Il trône aujourd'hui dans mon atelier-grenier, et sa présence me réchauffe le coeur.
Commentaires
N'allez pas imaginer que je suis un privilégié qui a ignoré les dures contraintes du travail. J'étais journaliste et en charge d'une équipe (des chroniqueurs culturels !) maintenant je dispose de mon temps pour écrire à ma façon, lentement, car j'aime rêvasser d'où un blog (non deux) pour entretenir ma main et ma tête à une petite discipline. Naturellement je penserai à vous, encore contrainte aux heures de bureau. mais à vous lire dans votre blog je vois que vous gardez l'oeil vif et l'âme fraîche, et l'appétit des sentiments (et des sensations) ce qui est notre bien commun le plus précieux. A bientôt.
Un petit coucou en passant pour vous souhaiter une bonne journée ! dans la campagne environnante ? pensez-à moi recluse dans mon bureau !
Alors voilà, je viens de commander trois livres de cette Mme Mansfield avec qui j'aurais des points communs (c'est trop d'honneur) et nous aurons alors l'occasion d'en parler encore. Vous avez bien de la chance d'avoir pu vous balader aujourd'hui. J'étais au travail et maintenant il fait un peu froid pour aller vagabonder dans la nature ! dommage.
je suis à la recherche d'un de ses livres, vous avez piqué ma curiosité.
J'oubliais, mais rassurez vous je ne suis pas obsédé par elle, les merveilleuses évocations (sur les arbres) de Katherine Mansfield lorsqu'elle habitait quai aux Fleurs à Paris, chez son amant Francis Carco. Elle dit des choses que vous pourriez dire. Vous êtes si proche d'elle.
Non, je ne sèche pas mais j'étais tout simplement sur les routes (il fait si beau aujourd'hui) et je n'osais espérer une visite de vous, déjà que je me reprochais de vous avoir peut-être forcé la main (rien que la main ?) pour développer, et j'avais raison, j'ai "adoré" votre petit croquis de votre jeunesse (j'y étais)
Alors pour l'arbre, c'est le tilleul (il y en avait dans le jardin de mes parents) et j'aimais l'odeur entêtante et la rumeur des abeilles. Sinon que je ne m'y livrais pas comme vous à des jeux éducatifs. ça doit me manquer. Mais il est trop tard.
Le tilleul, donc, mais aussi le saule pleureur (l'avoir sur sa tombe, comme Napoléon sans se prendre pour Napoléon, je déteste ce traîneur de sabre). Et puis encore (car je suis gourmand) le peuplier pour le bruit du vent dans sa ramure, et, pour la même raison, les pins. Je vais parfois au fond du jardin pour écouter ce bruit qui est comme un frisson sur tout le corps de l'arbre. Bonne et douce nuit.
vous séchez Monsieur Sorel ?
Et vous, sous quel arbre, vous asseyeriez vous ?
un peu court ? non, j'ai bien aimé votre jeu !
alors faisons un peu plus long : un saule pleureur donc : parce que, adolescente, il y en avait tout autour de l'immeuble où j'habitais. Les filles et les garçons se donnaient rendez-vous dessous, pour quelques baisers et caresses friponnes. Je rentrais souvent alors chez mes parents les cheveux ébouriffés, un bouton de chemisier manquant, et les joues un peu trop rouges !
Ensuite, parce que, aujourd'hui, j'aime les arbres dominateurs et rassurants qui donnent une impression de protection et sous un saule pleureur on se sent immédiatement rassuré, et parce que l'idée qu'un arbre pleure et que je puisse l'encercler de mes bras, et de mon corps, m'émeut terriblement.
votre curiosité est-elle satisfaite ?
c'est un peu court..... vous n'aimeriez pas ce jeu d'identification, dois-je croire ! La nuit est avancée, je vous la souhaite quand même heureuse.
pour moi, le saule pleureur, et pourquoi limiter cela à la nuit ?
Ah bah je comprends qu'il vous "réchauffe le coeur"...! J'avais déjà remarqué que vous l'appréciez , ce Bertrand-là !... Dites, je crois que vous l'avez repéré aussi :
- C'est , à Paris, en ce moment, un Hommage à Cranach (et son temps)..
Pas eu l'espace-temps pour m'y rendre.
Irez-vous goûter de la cour de Wittenberg aux paysages idylliques de ses toiles à la plasticité "végétale" ?.. Tel St Exu, je n'ai aucune qualité mondaine.
La multiplication des Vénus ferait peut-être suite à votre "figure"-ci "de l'Amour" ?.. Adam et Eve en pied au Paradis de Paris.... 1531 en plein 2011 !