Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 06-03-2011 à 18:36:18
Déploration sur le corps du Christ.
Giacomo Farelli l'a vu ( imaginé ) couché, abandonné à la douleur d'une pleureuse (Marie ?), plus charnel d'être mort que divinisé quand, vivant, il avait la parole qui en faisait un dieu.
Un dieu muet engendre l'inquiétude, les fausses nouvelles, les errements. Mais un dieu bavard entraîne le crime, de vastes mouvements de foule qui tournent toujours au carnage.
Conclusion, il faut voir le corps (fut-il du Christ) pour ce qu'il est. Un amas (non une architecture) d'organes qui rythment la vie, la digèrent.
Et bizarrement, c'est à l'instant où l'on a gommé la divinité (la spiritualité) du corps qu'on le projette dans l'espace du sensuel. Il n'est plus l'incarnation d'une idée (d'un concept, d'une théorie, d'un idéal, d'une moral) mais une chair qui a ses appétits, étale ses séductions.
La question se pose alors de situer les motifs de la séduction. A quoi tient-elle, en quoi se résume-t-elle, et sur quels critères lui accorde-t-on vertu de loi à laquelle tout le monde se réfère.
Encore qu'il faut nuancer. Chaque civilisation (osons le mot, chaque race) a ses critères, ses codes, ses modèles.
Notre culture occidentale s'est fabriquée sur un corps en souffrance ; qui devient beau dans la douleur. On aurait tant à dire sur le cas de Saint Sébastien (il faudra l'aborder) et à y bien réfléchir, pour autant qu'il fait appel à sa capacité à se mettre en danger, atteindre les limites de la corporalité, l'érotisme est le chemin le plus voisin de celui qui draine la douleur vers la mort.
Sont-ils tous deux interchangeables?
Commentaires
Vous avez une carapace de fer (plus que Madame Tatcher ?)
J'ajoute de mon exemplaire 1960 Nrf non coupé de L'Homme révolté :"Non pas la foi, mais les oeuvres, voilà, selon Nietzsche, le message du Christ.. A partir de là, l'histoire du christianisme n'est qu'une longue trahison de ce message. Le Nouveau Testament est déjà corrompu, et, de Paul aux Conciles, le service de la foi fait oublier les oeuvres...."(page 92)
il y a toujours une infime part "spirituelle" en chacun de nous, vous ne l'avez pas tisonnée, c'est tout... Elle est restée en lumignon... Sinon votre" daimon " officierait à 100% , ce que je ne peux croire....
Non je reste serein, même devant la douleur exprimée par la peinture. je dois avoir une sensibilité plus rude que celle de Dostoïevski. Par ailleurs la spiritualité me touche peu. pauvre homme ....
Saint-Sébastien a été repris par une culture "gay" ; quant à la crucifixion, ou plutôt la Descente de la Croix, je pense que vous savez qu'un jour, l'ayant vu dans un musée russe, Dostoïevski, en compagnie de sa femme , s'est littéralement .... sauvé, l'émotion à son comble.... Pour ma part, j'aime les deux chefs-d'oeuvre... Votre dimanche fut plus "spirituel" que les précédents, ou est-ce une élucubration au soir tombant sur la cité engloutie (Ys dans ses premières ombres....)