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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 09-03-2011 à 15:32:04

Jacques Réda, flâneur de Paris.

Venait-il au Soleil dans la tête sur sa mobylette devenue depuis célèbre, elle le véhicule dans Paris et ses banlieues pour dénicher l'image qui fera un morceau de poème comme l'on ramasse sur le sol un élément qui va entrer dans le collage ou montage qu'on fera en rêvant sur la matière.
C'était dans les années 50, il n'avait alors publié que de confidentielles  plaquettes de poésie qui héritaient du prestige alors très grand de l'Ecole de Rochefort.
On aimait son air altier de marin, le visage découpé à la serpe encore que le sourire y gagne en douceur. Il y avait chez lui un mélange de rudesse et de délicatesse qui annonçait l'homme d'exception. Un poète ne l'est pas forcément, le dira-t-on assez, quand il déballe sa poésie, et le prestige du poète n'est pas dans son titre (sa fonction) mais l'usage qu'il en fait et en quoi il détermine son mode de vie.
Dans un Paris chahuté par la circulation automobile, voir Jacques Réda circuler sur un vélo (fut-il à moteur), le distinguait déjà. De surcroît, au lieu de parler de poésie (en parle-t-on quand on en "fait"), il  préférait commenter ses dernières découvertes dans le domaine du jazz, car c'était sa grande passion. Je regretterai toujours de ne l'avoir pas associé à l'organisation d'une exposition présentée au musée Galliera et au Musée d'art moderne de la ville de Paris, consacrée aux rapports du jazz et de la peinture. C'était "L'Age du jazz". Il y avait toute sa place.
Réda est sur les chemins écartés de la ville, à ses frontières, dans ses marges, dans le talus. Voisin là, parfois, de Robert Doisneau ( mais qui ne l'est pas à l'époque qui voyait fondre les derniers vestiges d'un temps qui s'effondrait, que l'on y songe quand on se souvient du Belleville -son quartier préféré- alors village où il faisait bon de flâner).
La poésie en flânant, Léon Paul Fargue nous avait appris à la cultiver. Jacques Réda en fera un art d'écrire, aujourd'hui bardé de commentaires (et d'admirateurs), on le relit.

 

Commentaires

saintsonge le 09-03-2011 à 16:33:27
Tiens, ce titre me fait songer à Apollinaire qu'on surnommait "le flaneur des deux rives" quand de Baudelaire, on le pouvait voir en "rôdeur parisien".... Que ne fussé-je qu'un passant de Lutèce !...