Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 10-03-2011 à 12:46:04
Remy de Gourmont parrain d'Apollinaire.
Il est des lieux chargés de forces occultes que l'attentif sait percevoir, dont il ressent jusque dans le corps les échos secrets. En un espace réduit ce sont des vies qui se sont accomplies (parfois défaites), une pensée s'est construite, des passions se sont enflammées, une page de l'Histoire s'est scellée. Souvent de jeunes poètes, en quête d'exemples ou de maîtres dénichent ces adresses magiques, les exaltent, elles participent à l'élaboration de leur oeuvre à venir.
Blaise Cendrars, qui était l'un de ceux-là, ne manquait pas d'évoquer ses rencontres magiques, comme celle de Remy de Gourmont , 71 rue des Saints Pères, dans ce petit appartement de Berthe de Courrière où l'admirable écrivain s'était retiré et comme arraché au monde pour des raisons de santé. Là, il écrit une oeuvre abondante et savante entre érudition et passion. Une passion rentrée, qui émerge ça et là dans la surprise des pages de ses "romans" (roman puisqu'il faut bien qualifier l'écriture selon des genres même si on touche à l'approximatif).
Il domine son époque, cet esprit "fin de siècle" qu'il incarne avec cependant une certaine modernité de ton et comme les premiers frémissements d'une pensée nouvelle qui passera par Apollinaire dont il parraine les débuts.
Oeuvré déchirée entre une sensualité exacerbée et freinée par l'atteinte grave et profonde à son intégrité physique (un lupus sur le visage) qui le rend difforme.
Pourtant de jeunes poètes vont vers lui, comme en une sorte de pèlerinage. Nombreux sont aujourd'hui les chercheurs, les dénicheurs de trésors bibliophiliques qui retrouvent des textes rares, des documents peu connus, constituant une sorte de survie de sa mémoire ardente.