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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 11-03-2011 à 14:24:36

Pinoncelli met la peinture au piquet.

On l'avait découvert comme peintre dans une très chic galerie de la place Vendôme, une exposition présentée par Michel Ragon ;  une série de hautes figures peintes dans les tons sombres, une matière épaisse, malaxée avec violence. Quelque part entre le peintre du nord Leroy (bien oublié, dommage) et Dubuffet, mais plus attentif au suivi de la matière sur la surface, et comme des coulées de lave qui tracent leur chemin de désastre.
Stupéfaction. Il y avait là une maturité d'expression, une force qui retenaient l'attention.
Puis, par un effet de volte face, le peintre (prometteur) devient un provocateur.
C'est, en effet, dans les années 70, un phénomène assez répandu qui voit des artistes abandonner le pinceau, le chevalet, pour se lancer dans des opérations impliquant le corps comme objet d'art.
Il y aura (il faut en faire l'histoire) les questionnements sur la violence (Gina Pane, Journiac, les viennois ) et chez Pinoncelli, le peintre repenti, un caractère plus fruste et quelque peu gaulois pour dire son mal (mal à vivre, dénonciation de la société, en fait tout cela à la fois).
C'est alors une succession d'interventions, happenings, où Pinoncelli fait preuve de beaucoup de virilité agressive, d'insolence facétieuse, conduit par une logique interne qui l'amène à agir dans le contexte du musée lui-même. D'où les agressions de "Fountain" de Duchamp (un urinoir détourné de sa fonction pratique !) à Nimes et à Beaubourg. Ce qui lui vaut des ennuis avec la justice, mais une promotion sur son nom qu'il n'avait peut-être pas cherché mais qu'il trouvait au nom de la pissotière.
Il y aura aussi un pastiche de Diogène réfugié dans son tonneau. Au coeur des rues piétonnes de sa ville (Saint Etienne) la chose ne devait pas manquer de piquant. La police n'appréciera pas. La police aime-t-elle les arts ? Surtout quand ils s'imposent, aux heures des sorties d'école, sur la voie publique ?

 

Commentaires

saintsonge le 11-03-2011 à 15:25:55
Peut-on ajouter à ces abandons de "pinceau et chevalet", pour l'utilisation des "corps" aussi, les Nanas et les Tirs de Niki de Saint- Phalle, que j'ai aimé pour son côté déjanté et hors convention, surtout qu'elle n'a, comme moi, suivi aucun "enseignement artistique".... ?... Il y a toutefois des nappes de bleu qui sont, depuis ce midi, venues éclaircir le calcédoine des ulcères mélancoliques de la grisaille du ciel !.Une légère percée du soleil, aussi. J'ai replongé dans mon Cioran !